Cours en vidéo : mode d’emploi

La danse est un art vivant qui se caractérise par la mise en présence d’artistes et d’un public. L’image enregistrée l’ampute généralement de plusieurs de ses éléments constitutifs que sont, entre autres, l’émotion et l’énergie. Seuls quelques rares metteurs en scène (Stanley Donen et Gene Kelly, Carlos Saura, Claude Lelouch… ) sont parvenus à la filmer sans la dénaturer. Mais souvent, la caméra n’aime pas la danse, notamment parce qu’elle peine à filmer l’égrégore qui unit le danseur et son public dans la quête du Beau et de l’Harmonie.

Cette réalité vaut également pour les cours de danse. Les intentions réunies des danseurs d’apprendre et de s’affranchir de toutes les pesanteurs sont la matière première des cours. Sans ces désirs tendus vers le même but, la technique et l’expérience du professeur sont impuissants.

C’est donc un crève-cœur pour moi d’enseigner au moyen de vidéos. Pour alléger mon dépit et mon déplaisir, je te donne ici quelques pistes pour que tu gardes à l’esprit que dans la difficulté, l’enseignement et le studio te soutiennent.

Du canapé à tes chaussons

« La distance la plus longue est celle entre ton canapé et tes chaussons. » La formule est empruntée aux amateurs de footing. Si « t’y mettre » est ce qui t’empêche de danser seule chez toi, je te rappelle ce que je te dis en cours : danse où tu es, comme tu es, au moment où l’idée te passe par la tête. Formaliser seule chez soi un temps de danse peut être un obstacle.

Au contraire, profite d’un des avantages de la technologie : télécharge ta vidéo sur un support que tu peux utiliser à tout moment et pratique quand tu en as envie.

Top chrono

De même, si commencer te semble insurmontable, fixe toi une durée très courte pour pratiquer et respecte-là. Je te conseille de te fixer 10 minutes tous les deux jours. Rapidement, tu vas constater que tu as envie de danser plus que la durée que tu t’es impartie et plus souvent que tu l’a pensé.  Les jours « sans » tu t’entraînes selon ce que tu as prévu. Bons jours ou mauvais jours, dans tous les cas, tu danses et ton corps progresse, même si tu as l’impression du contraire.

Toute seule sur le palier

Tous les apprentissages sont des escaliers avec des paliers, périodes où le sentiment de stagner est très frustrant, voire décourageant.

Quand cela arrive en studio, le rendez-vous hebdomadaire t’oblige à persévérer, les échanges avec les autres danseuses t’aident et danser ensemble te soutient.

Quand tu es seule devant ta vidéo, tu ne bénéficies d’aucun de ces appuis.

Dans ces moments- là, garde à l’esprit que c’est un palier, que c’est peut-être un jour « sans » et que c’est une étape inévitable. Après plus de 20 ans de pratique, je traverse des périodes où j’ai l’impression de régresser et des moments sans inspiration.

Durant de telles phases, tu obtiendras de bons résultats si tu remarques objectivement que tu ne parviens pas encore à faire tel ou tel mouvement et que tu continues à travailler en douceur. Au bout d’un certain temps, un mouvement qui te paraissait inatteignable t’appartiendra.

Crédit photo : MGM

Vous avez un message

Les cours en vidéo sont transitoires. Dès lors, je te conseille de faire une liste de toutes les questions qui naissent durant la pratique pour que tu puisses les poser lorsque les studios rouvriront.

Tu peux aussi te filmer et adresser ta vidéo (en format mp4, le plus courant) à ta professeure ou ton professeur qui t’enverra des conseils. L’important est que tu apparaisses en pieds et que tes mouvements soient bien visibles, aussi, filme toi de face.

Mieux qu’hier et moins bien que demain

En cette période de grand déplaisir où notre vie est encadrée par des normes de plus en plus intrusives, la danse doit rester un espace intime, vital et préservé. L’essentiel est donc que tu danses aujourd’hui mieux qu’hier et moins bien que demain, le sens de la pratique étant de te rendre heureuse.