
La femme qui vient d’entrer dans la salle de danse pour s’entretenir avec la professeure possède cet éclat particulier des femmes quand elles sont très heureuses. C’est « une future mariée […] avec la volonté de faire découvrir à ses convives, dans le cadre de son mariage, l’art de la danse orientale. »
Une très jeune fille s’avance. Lumineuse et gracile, elle est aussi particulièrement déterminée : « Sans véritablement prendre le temps de la réflexion, [elle] s’engage. Pourquoi ne pas relever ce défi ? » A ce moment, Jihana a pas mal d’années de pratique. Mais c’est sa première prestation sous contrat privé, en qualité de soliste : « Il fallait que j’aille plus loin […] Autant dire que les semaines de préparation étaient à la fois euphorisantes et stressantes […] Mon rêve devenait progressivement réalité. »
Bien sûr, il y a, plus tard, la découverte « d’un autre type de scène, en salle de spectacle qui nécessite une approche complètement différente, avec un public différent », mais cette première fois est décisive parce que « l’accueil chaleureux réservé par cette famille » donne « de nouvelles perspectives dans la danse » à Jihana. Son métier, c’est la danse orientale. A compter de cette soirée, c’est une « évidence. »

Tout commence devant un simple écran de télévision. La toute jeune adolescente est « subjuguée » par un reportage sur la danse orientale. La beauté de la danse, le chatoiement des costumes la conduisent à demander à être inscrite à un cours. Ses parents accèdent à sa requête, et « en plein milieu de l’année, avec tout de même l’appréhension d’intégrer un groupe déjà en place qui avait ses repères » Jihana débute la danse orientale pour ne « plus jamais [s’] arrêter de danser. » Ainsi, le hasard, qui n’existe pas 🙂 enfante le destin de Jihana.
Depuis, elle trace pas à pas son chemin de danseuse, engageant sans cesse « des projets avec pour ambition de valoriser les danses orientales. » Elle est « perfectionniste » et « préfère prendre le temps […] afin de satisfaire toutes les personnes impliquées » qu’il s’agisse de l’organisation de cours, de spectacles, de voyages, de collaborations avec d’autres artistes.
Ainsi, c’est après deux années de travail que « Pour toi, liberté », spectacle qu’elle écrit, met en scène, chorégraphie avec Hawa, danseuse orientale exerçant à Madrid, voit le jour. Cette création à deux est « incontestablement » son plus beau souvenir.
La danse de Jihana est façonnée par ses rencontres. Il y a ses maîtres, auprès desquels elle continue de se perfectionner, et puis il y a ses élèves : « Mon plus grand plaisir aujourd’hui est d’enseigner la danse auprès d’élèves qui […] me suivent depuis des années. […] Elles sont ma source de motivation. » En retour, Jihana leur transmet « l’envie de s’épanouir dans la danse, au-delà de la technique », et elle offre aux « plus avancées et impliquées […] leurs premières prestations, une manière de valoriser leurs apprentissages face à un public. »
Afin de « proposer des chorégraphies chaque fois plus abouties », Jihana nourrit son inspiration et son style en pratiquant plusieurs autres danses qui lui « permettent de [s’]ouvrir à d’autres horizons et d’apporter une touche personnalisée à [ses] créations. »
Parfois, tout ce travail ne trouve pas sa récompense. C’est le cas lorsque l’organisateur d’une soirée, pas du tout effrayé par les tournoiements de la canne 😉 discute, en plein spectacle, « la mise au point de l’organisation des différents passages. » Parfois, l’indélicatesse environnante sert d’écrin à la grâce de la danseuse :

« J’ai vu parfois, au fond d’un théâtre banal
Qu’enflammait l’orchestre sonore,
Une fée allumer dans un ciel infernal
Une miraculeuse aurore »
Charles Beaudelaire