The Perfect Candidate de Haifaa Al Mansour

Crédit photo :  Neue Visionen Filmverleih

Le slogan – que je trouve racoleur – de l’affiche : « En Arabie Saoudite, la politique reste une histoire d’hommes » laisse de côté 70% de l’essence de cette comédie qui m’a enchantée.

Dans une petite ville d’Arabie Saoudite, Maryam est médecin-chirurgienne. Les ambulances et les patients accèdent à l’hôpital où elle exerce par un chemin de terre, inondé suite à une rupture de canalisation. Maryam est brillante et passionnée, elle obéit en tous points au code qui régit sa vie professionnelle et sa vie privée. Car Maryam rêve de partir travailler dans l’hôpital d’une grande ville et, pour cela, elle s’applique à être « la candidate parfaite ».

Son rêve pourrait bien devenir réalité quand des postes sont proposés à Dubaï. Elle achète son billet pour présenter sa candidature, mais elle est refoulée à l’aéroport car son autorisation de voyager, signée par un tuteur mâle, n’a pas été demandée par voie informatique. Or, fatalité, son papa, fin joueur de oud, est parti avec son orchestre pour la tournée dont ils attendent l’autorisation depuis 20 ans.

L’un parti, l’autre reste et commence à agir selon ses règles, qui ne sont plus exactement celles de « la candidate parfaite ».

Ce qui est filmé ici, c’est avant tout la créativité d’êtres humains et de beaux liens familiaux. Le papa qui réalise son rêve de jouer des chansons profanes qui parlent d’amour devant un public qui s’est spécialement déplacé pour écouter de la musique, attitude encore jugée impure par certains saoudiens. Un père qui souhaite ne pas empêcher ses filles de choisir leur vie. Selma, la grande sœur, organisatrice de fêtes familiales, qui devient la directrice de campagne et la première admiratrice de sa sœur. Sara, la petite sœur adolescente, très marquée par les moqueries et les ragots dont les trois sœurs ont été l’objet du fait que leur mère était chanteuse. Sara effrayée par la décision de sa sœur aînée de s’exposer et donc, d’offrir à nouveau toute la famille au qu’en-dira-t-on.

En arrière-plan, il y a le souvenir de la maman, artiste accomplie, qui croyait en son art, capable de prendre des risques par amour, et qui a transmis à ses filles le goût de se rendre libre.

Crédit photo :  Neue Visionen Filmverleih

La réalisatrice filme parfois lentement, ce qui permet de se plonger dans les ambiances. L’histoire, portée par une belle photo, une belle musique et par un humour vif et spirituel, nous donne l’occasion de découvrir le quotidien d’une famille attachée à sa culture et aux possibilités qu’offre l’émancipation.

Une comédie très exacte qui privilégie l’expérience au jour le jour pour délivrer un message d’espoir.