Les aventures de Nullipare, la truie de réforme, ou le défi de soigner un corps performant en France au XXIe siècle*

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*Cet article est une satire.

Moi, Nullipare, la truie de réforme, je désigne par l’expression « corps performant » un corps qui présente des aptitudes remarquables grâce à une discipline.

Il est un des éléments constitutifs d’un ensemble qui le dépasse. Qu’il s’agisse de celui d’un artiste, ou d’une personne qui souhaite s’émanciper du corps conventionnel de séduction, de consommation et de reproduction, il est protégé, nourri, reposé, entraîné de façon à atteindre le meilleur équilibre nécessaire à un mode de vie dédié à une aspiration individuelle, qu’elle soit artistique ou philosophique.

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Lettre ouverte à la presse

Je vais vous parler d’un domaine invisible dans les médias, celui de la danse en province, et plus particulièrement celui des danses autres que la danse classique, la danse contemporaine et la danse jazz.

Ces danses peuvent être enseignées dans des salles publiques mises à disposition des associations. Dans ce cas, cette mise à disposition s’identifie comme une subvention.

Mais comme ces salles sont en nombre insuffisant, les professeurs de ces danses qui veulent faire de l’enseignement leur profession, en se consacrant à des mises à niveau permanentes, en professionnalisant le niveau de leur technique,  en constituant des fonds documentaires sur leur discipline, créent leurs salles privées.

Ces salles sont de véritables « poumons » où les disciplines moins considérées que la danse classique, la danse contemporaine et la danse jazz peuvent exister.

Les charges liées à l’existence de ces salles sont financées par les abonnements des élèves, par les stages, par les soirées et par les manifestations événementielles.

Depuis le 17 mars 2020, ces quatre sources de revenus sont interdites. Je suis désolée de le dire en des termes si crus, mais la réalité est que nous sommes en train de crever.

Il est vrai qu’une société peut vivre sans que des artistes indépendants, qui atteignent l’équivalent SMIC après plusieurs années de galère consacrées à la création d’une clientèle et d’un carnet d’adresses, soient dans ses rangs. Nous ne serons plus sur la scène des galas de fin d’année, des festivals d’été, des soirées professionnelles, des mariages, des anniversaires, etc … Nous serons remplacés par des amateurs plus ou moins bons. Quant à nos élèves, il y a peu de chances qu’ils trouvent nos disciplines dans les conservatoires et dans les grandes écoles.

Notre société va se passer d’une civilisation où la pluralité des univers et des techniques oeuvrait à l’émancipation de l’esprit – et du corps – humains.

Si d’aventure je croisais une de ces personnes qui décident et qui ne font pas partie de mon monde, je ne lui demanderais pas d’indemnisation. Je lui demanderais les regards concentrés des élèves lorsqu’elles découvrent un nouvel enchaînement, la fierté des progrès, la persévérance gratuite des amateurs, les heures à penser aux costumes, le plaisir de voir vivre dans d’autres corps les chorégraphies que j’ai écrites, la surexcitation des plus jeunes à l’idée de la scène, le doute plein de désir des plus âgées qui n’en reviendront pas d’avoir osé, le raffut en sourdine des coulisses et le silence des vestiaires quand les cours sont terminés, le metteur en scène à fleur de peau et la costumière dans les temps, mais c’était moins une. Je lui demanderais Ma Vie.

« Fakir » Mai-Juin 2021. Rédacteur en chef: François Ruffin

Black Swan

C.Ph : Twentieth Century Fox

Sorti en 2010, Black Swan de Daren Aronofsky est un film sur la folie, dans la même veine que Qu’est-il arrivé à Baby Jane ? et Rosemary’s baby, mais en beaucoup moins talentueux.

L’histoire met en scène une danseuse et son double maléfique qui prend possession de son esprit à l’occasion de la création et de la représentation du ballet Le Lac des Cygnes (version Bolchoï).

Au commencement, Aronofsky souhaitait réaliser un film sur le sujet du double. Il s’est rendu à une représentation du Lac des Cygnes après avoir lu Le Double de Dostoïevski et l’idée a germé d’utiliser le cadre du ballet classique pour raconter son histoire.

Black Swan n’est donc pas un film sur la danse et cela se voit. Outre des effets spéciaux assez moches, les scènes dansées font l’objet de prises sans relief, sans discernement et sans amour. J’ai eu l’impression que Black Swan était l’antithèse des Chaussons Rouges de Michael Powell et Emeric Pressburger. Continuer la lecture de « Black Swan »

Salle de danse

Une salle de danse, également appelée studio, est une pièce aménagée d’un parquet, de miroirs, au moins sur un de ses côtés, et éventuellement de barres fixées aux murs. En tant que lieu recevant du public, elle doit répondre à tout un tas de réglementations.

Certaines salles de danse appartiennent à des personnes privées, comme des associations, des sociétés civiles immobilières ou des particuliers. Dans ce cas, les frais d’entretien, d’éclairage et de chauffage ainsi que les taxes sont couverts par le montant des loyers payés par les professeurs locataires ou/et par les revenus issus des inscriptions aux cours.

D’autres appartiennent à la commune. Dans ce cas, les charges sont financées par les impôts, l’idée étant que les habitants bénéficient d’un accès facilité à des activités culturelles et sportives sur le territoire de leur commune. J’attire l’attention des danseuses et des futures danseuses sur ce point : les tarifs attractifs proposés par certaines professeures sont généralement dus au fait qu’elles n’ont pas de loyer à régler.

La France souffre d’une pénurie de salles de danse et notamment de salles de danse publiques. Continuer la lecture de « Salle de danse »