Aux origines de la danse des 7 voiles

« Inanna, déesse de la sexualité, de la guerre et des inversions. »

La danse des 7 voiles est un des fantasmes attachés à la danse orientale. Elle est parfois reliée à la danse exécutée par Salomé pour Hérodote Antipas afin d’obtenir la tête de Saint Jean-Baptiste. Il s’agit en fait d’une modification judéo-chrétienne d’un mythe sumérien bien plus ancien, dont la protagoniste est la déesse Inanna, Ishtar en Akkadien.

L’action se situe en Mésopotamie, région qui s’étend entre les cours du Tigre et de l’Euphrate, jusqu’au golfe Persique. Actuellement, ce territoire de plaines et de collines se trouve en Iraq et au nord-est de la Syrie. Les hommes le peuplent depuis 12.000 ans avant notre ère, et au VIIIème millénaire avant JC, le mode de vie agricole y fait son apparition. L’emplacement d’un temple datant du Vème millénaire avant JC témoigne d’une vie religieuse.

Au nord, se trouvent les sémites, ou akkadiens, qui peuplent les cités-états de Babylone, Sippar, Kish, Opis, Akshak, Kouta et Akkad. Au sud, les non-sémites dits sumériens, avec Uruk, Nippur, Larsa, Lagash, Eridu et Ur. Les hégémonies d’une ville sur l’autre sont éphémères, jusqu’à ce que toutes soient réunies sous la domination de la cité-état d’Akkad où règne Sargon 1er, vers 2300 avant JC. Puis, à partir de 1785 avant JC, Hammurabi fonde l’Empire babylonien.

Akkadiens et sumériens admettent l’existence d’un grand nombre de dieux et de déesses. Chaque ville a le sien. Inanna/Ishtar est célébrée dans de nombreux temples,  et son culte domine celui des autres déesses mésopotamiennes. Elle est la déesse tutélaire de la ville d’Uruk.

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Comment progresser régulièrement en danse orientale ?

Les cours, même plusieurs fois par semaine, apportent la nouveauté et l’intensité, mais le corps et l’esprit ne disposent pas de la durée nécessaire pour comprendre en détail le mouvement et pour le ressentir pleinement. Cette assimilation se fait par un travail régulier.

Il n’est pas nécessaire de diminuer la liberté naturelle du corps pour obtenir un beau mouvement en danse orientale. Au contraire, il faut utiliser cette liberté, saisir comment le corps s’organise autour du geste, et rendre cette organisation plus subtile afin qu’aucune étape ne manque.

Un mouvement abouti est un mouvement qui n’est ni une imitation, ni une interprétation mais la manifestation concrète d’une présence. Je ne vais pas vous mentir, c’est plutôt compliqué à atteindre, mais voici quelques pistes pour travailler un peu chaque jour et obtenir des résultats. 🙂

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La danse orientale vue par Willy

"Charles Atamian"
« Charles Atamian »

Henri Gauthier-Villars dit Willy (1859/1931) est un journaliste, un critique musical et un romancier français. Médiocre écrivain, il a souvent recours aux services d’auteurs plus talentueux, mais  anonymes, dont il signe les textes. Le plus célèbre de ces auteurs est son épouse Colette.

Willy est un des hommes les plus en vue du Tout-Paris des arts et des lettres.  Le personnage est en phase avec le goût et la mentalité de son époque, coloniale et industrielle, où beaucoup considèrent les danses du Moyen-Orient et du Maghreb comme l’occasion de profiter de l’exposition de la sensualité féminine.

Au contraire, Willy accorde à ces danses une qualité artistique. Il ne prend pas pour prétexte la dimension érotique de la danse orientale pour la rabaisser, et considère cet aspect de la gestuelle comme son mérite.  Il la décrit en termes techniques, et insiste sur le travail d’interprète de la danseuse. Son regard est d’autant plus intéressant que, de nos jours, ces éléments constitutifs et essentiels de la danse orientale ne sont pas encore généralement admis. De plus, il constate que les danseuses, à force de chercher à divertir, se cantonnent à un premier degré, excitant, mais frelaté. Son constat est d’une troublante actualité. Continuer la lecture de « La danse orientale vue par Willy »

Les préjugés sur la danse orientale : « Facile »

 

"La technique de la danse orientale est au service de l’expression et du plaisir de la soliste."
« La technique de la danse orientale est au service de l’expression et du plaisir de la soliste. »

Un jour, une danseuse contemporaine, de formation classique, à laquelle je venais de dire que j’étais danseuse orientale, s’est mise immédiatement à tortiller du bassin, raide comme la justice. La voir ainsi se ridiculiser, penser qu’elle avait juste besoin d’un peu d’entraînement, me fit peine. Elle incarnait la vision académique européenne de la danse, pour laquelle la danse orientale est rabaissée à une gestuelle sexuelle et instinctive. Récemment, une danseuse amateure me déclarait qu’elle maîtrisait instinctivement la danse orientale parce qu’elle avait suivi des cours de danse africaine. Ses propos illustrent l’idée ethnocentrique européenne que toutes les techniques pelviennes se ressemblent. Par ailleurs,  l’Afrique est un continent, et parler de danse africaine au singulier est une aberration. Pour ma part, après 20 ans de pratique, je ne me risque pas à trouver un lien quelconque entre les danses africaines et la danse orientale. Si toutes les techniques qui font appel au bassin sont pareilles, alors, il en va de même de toutes les techniques qui font appel aux jambes. De telle sorte que la danse classique et le football sont deux versions d’une même technique. Après tout, dans les deux cas, il est question de jambes et de dextérité…Quand il s’agit de techniques européennes, le ridicule des assimilations saute aux yeux 🙂

La technique de la danse orientale est au service de l’expression et du plaisir de la soliste. Deux choses qui l’opposent aux codes chorégraphiques européens. C’est en application de ces codes qu’elle est qualifiée de « facile. »

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Petites department *

"Peinture de Kwong Kuen Shan."
« Grandir » de Kwong Kuen Shan.

Je suis petite. Je ne peux pas être sapeur-pompier, gendarme, hôtesse de l’air, ou  danseuse de revue. Ca a commencé à ma naissance 🙂 Dès mes 6 mois, le docteur a rassuré mes parents : je ne serai pas grande, mais comme j’étais parfaitement proportionnée, cela ne posait aucun problème. Dès lors, « petite » a été pour moi une qualification, dénuée de sens péjoratif.

J’ai vraiment réalisé ce que « petite » veut dire quand, adolescente, j’ai croisé une autre adolescente de ma taille, et que nous nous sommes regardées dans les yeux, sans avoir à lever le regard. Je me souviens encore de la sensation étrange que j’ai ressentie. Je n’ai pas compris tout de suite pourquoi cette jeune fille me paraissait spéciale. Je garde encore en mémoire l’image de sa silhouette gracile. C’est à ce moment que j’ai pris conscience de l’aspect que je présente aux autres.

A cet âge, être différente, même un peu, ne m’a pas réjoui. J’en ai fait un complexe. Soudain, ce qui me qualifiait me dénigrait. Je vivais ma taille comme un handicap dans les relations humaines et professionnelles.

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