Les trois visages du seigneur omeyyade ou l’histoire de Qotaïba ibn Muslim et du roi de Chine

Les Omeyyades sont un clan issu de la très prestigieuse tribu des Qoraïsch. Leur fortune source dans la maîtrise des grandes routes commerciales. Après l’Hégire, ils jouent un rôle important dans la conquête des territoires de la Palestine et de la Syrie, où ils implantent de vastes domaines.

En 661, Mo’âwiya devient calife et fonde la dynastie omeyyade, dans des circonstances adverses et périlleuses. La stabilité et l’opulence de l’Empire se construisent petit à petit. Des gouverneurs visionnaires et des guerriers prestigieux dessinent les frontières du Califat de la vallée de l’Indus aux côtes atlantiques.

Au-delà des massacres sur les nombreux champs de bataille, les cultures se rencontrent, par le truchement des élites éduquées. Ces contacts devenus habitudes cisèlent une civilisation, où les connaissances et les arts s’épanouissent.

Costume Atelier La Colombe – Crédit photo:Faon Photography

Dans ce contexte, les annales racontent que le gouverneur du Khorâsân et maître des terres d’Asie centrale, Qotaïba ibn Muslim, résida à la frontière de la Chine.

Le roi de ce pays lui adressa une ambassade, afin d’être instruit des mœurs et croyances omeyyades. En conséquence, Qotaïba chargea les plus distingués des siens de se rendre en délégation à la cour de ce roi interrogateur.

Ils partirent sur des chevaux de premier sang, caparaçonnés d’étoffes précieuses et de harnais incrustés de pierres rares. Ils portaient de riches vêtements, ourlés de fourrures, sur lesquels leurs armes du plus fin métal reflétaient la lumière.

Arrivés au palais, ils se lavèrent et se parfumèrent. Puis, ils se vêtirent de vêtements blancs, simplement ceinturés, et chaussèrent des sandales. C’est ainsi qu’ils apparurent pour la première fois en présence du roi. Aucune parole ne fut échangée. Au bout d’un certain temps, les envoyés de Qotaïba s’en retournèrent dans leurs appartements.

Alors, le roi demanda à ses conseillers ce qu’ils pensaient de ces étrangers. Tous convinrent que ces hommes étaient pareils à des femmes.

Deux norias et la mosquée à Hama – Crédit photo:Travellerspoint.com

Le lendemain, le roi les convoqua à nouveau. Cette fois, ils apparurent habillés avec beaucoup de luxe et de recherche. Leurs turbans étaient en soie. Les couleurs de leurs manteaux étonnèrent les chinois, qui n’en avaient jamais vu de pareilles. Personne ne parla. Au bout d’un certain temps, les envoyés de Qotaïba se retirèrent.

Alors, le roi demanda à ses conseillers ce qu’ils pensaient des étrangers. Tous convinrent que ces hommes présentaient un aspect splendide et déterminé.

Le jours d’après, le roi les appela encore à son audience. Là, ils apparurent cuirassés de pied en cap, les arcs prêts à tirer, les lances prêtes à percer et les sabres prêts à moissonner les têtes. Tous restèrent silencieux. Au bout d’un certain temps, les envoyés de Qotaïba sortirent.

Alors, le roi demanda à ses conseillers ce qu’ils pensaient maintenant des étrangers. Tous convinrent que leur apparence était effroyable et qu’ils puaient la violence et la mort.

Le roi interrogateur fit amener un des envoyés de Qotaïba, et lui demanda pourquoi ses compagnons et lui étaient apparus habillés de telle façon et telle façon.

L’envoyé paya un tribut d’amabilités au roi. Puis il lui dit : «  Le premier jour, nous sommes apparus comme nous allons auprès des femmes et des enfants ; le deuxième jour, comme nous allons auprès des hommes considérables et des dignitaires ; le troisième jour, comme nous allons contre nos ennemis. »

Le roi de Chine posa sa joue sur sa main et réfléchit une heure de temps. Puis, il interrogea l’envoyé : «  Que veux Qotaïba ibn Muslim ? »

L’envoyé répondit : « Qotaïba ibn Muslim a juré qu’il foulerait la terre de ton royaume, réduirait en esclavage tes vassaux et recevrait de toi un tribut. »

Le roi de Chine offrit une urne d’or contenant de la terre de Chine, quatre des jeunes princes de son royaume, et des étoffes de soie, de l’or et de l’argent.

Les ambassadeurs repartirent vers Qotaïba et lui remirent toutes ces choses.

Qotaïba répandit la terre sur le sol et y posa le pied. Il enchaîna les princes, puis ils les relâcha. La soie, l’or et l’argent le dulcifièrent.

Ainsi fut scellée la paix entre la Chine et l’Empire omeyyade.

« Les Hirondelles de Kaboul »,film d’animation de Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec, d’après le roman éponyme de Yasmina Khadra

Le traitement des couleurs est exceptionnel. Chaque image est comme une aquarelle, où l’eau première atténue l’aridité des paysages, suspend la poussière des ruines et dilue l’odeur de l’effroi.

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La danse orientale vue par Alphonse et Marianne de Lamartine-Partie 2

En 1832, citadins, paysans et nomades vivent sur les terres de Palestine, du Liban et de Syrie.

Dans les grandes villes, industrie, artisanat et commerce soutiennent un art de vivre partagé par les habitants grecs, arméniens, syriens, arabes et turcs. Cette richesse d’influences disparaît dans les bourgs et les villages.

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La danse orientale vue par Alphonse et Marianne de Lamartine-Partie 1

Henri Decaisne, Alphonse de Lamartine

La maison d’enfance d’Alphonse de Lamartine (1790-1869) présente des proportions et une délicate symétrie qui enchantent le coeur dès le premier regard.

Construite à l’entrée du siècle en tant que vendangeoir de la propriété viticole, elle abrite les jeunes années de celui que la mémoire collective retient comme poète et comme homme politique.

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