« Elle dansa la danse des flammes, celle des épées et des lances ; elle dansa la danse des étoiles et celle de l’espace. Puis elle dansa la danse des fleurs dans le vent »
La parabole intitulée La Danseuse est extraite du recueil L’Errant paru en 1932, un an après la mort de Gibran Khalil Gibran.
Dès les premiers mots, le lecteur est transporté en des temps immémoriaux en un lieu qui n’a pas d’existence réelle mais dont le nom évoque un orient imaginaire.
Boris Lermontov : Je ne sais pas exactement pourquoi, mais je le dois.
Victoria Page : C’est aussi ma réponse.
Durant l’entre-deux guerres, les ballets Lermontov vivent au rythme des tournées. Lermontov, le maître de ballet, Ljubov, le chorégraphe, Craster, le compositeur et chef d’orchestre règnent sur le quotidien des danseurs, des musiciens et des techniciens. Une promiscuité de chaque instant où le respect de la hiérarchie et l’amour de l’art offrent un terrain propice à la créativité.
L’hiver se passe à Monte-Carlo où un public fortuné et cosmopolite attend avec impatience la création de nouveaux ballets et la reprise de ceux du répertoire romantique.
Dans ce contexte, Lermontov, Ljubov et Craster créent « Les Chaussons Rouges » inspiré du conte de Hans Christian Andersen. L’histoire semble naïve. Une jeune fille veut danser avec des chaussons rouges, parce qu’elle est émue par leur irrésistible beauté. Un jour, elle est exaucée. Sa joie déborde, elle danse toute la nuit. Mais quand vient la fatigue, elle ne peut pas rentrer chez elle. Les chaussons ne connaissent pas la fatigue. Ils l’entraînent par monts et par vaux, jusqu’à l’épuisement et la mort. Continuer la lecture de « Les Chaussons Rouges, de Michael Powell & Emeric Pressburger »
La beauté est un levier pour attirer nos esprits sur le chemin de l’idéal. Parvana est servi par des techniques graphiques qui nous entraînent au-delà des apparences sordides de la vie d’une petite fille en Afghanistan, à la découverte des achèvements intimes que permettent l’esprit et le courage, quels que soient les périls à affronter.
Parvana est la fille cadette de parents érudits. Son papa a perdu sa jambe durant la guerre contre l’URSS. Professeur sans poste, il est réduit à offrir ses services d’écrivain public au marché. A l’occasion, il propose également à la vente quelques beaux objets, vestiges d’une époque où la famille connaissait le confort. Continuer la lecture de « Parvana, de Nora Twomey »
Pour moi, le voile est l’accessoire le plus intime de la danse orientale. Voiles d’Ishtar, voile d’Isis, voile de Tanit que Salammbô dérobe des mains de son amant, le Féminin se dévoile et se masque tour à tour dans les plis du voile.
Accessoire qui n’est pas soi et qui rend sensibles nos émotions, le voile doit être choisi avec grand soin ; je dirais même avec amour. Il faut aimer son voile comme l’atout qui l’emporte sur toutes nos imperfections. Or, j’ai observé trop de danseuses qui jettent, manipulent, dirigent leur voile, mais ne dansent pas avec. Je reconnais volontiers que c’est un accessoire qui cache bien sa difficulté derrière sa simplicité.
Etrange gestuelle cette danse orientale. Cela fait bientôt deux siècles que le public l’a découverte à l’occasion des expositions universelles qui se tenaient dans les grandes villes européennes.
Depuis, elle hante les imaginaires du monde sans que, finalement, nul ne la connaisse totalement.
Parfois identitaire, parfois vulgaire, parfois commerciale, parfois élégante, parfois sublime, parfois folklorique, parfois sincère, parfois sans âme, elle a autant de visages et de vérités qu’il y a de femmes qui dansent.
Certains affirment qu’elle est née en Egypte antique pour célébrer les cultes des déesses qui veillaient à la fertilité du monde. Mais la fertilité n’est-elle pas une fantaisie inventée pour célébrer la sexualité subordonnée aux codes qui ordonnent la reproduction des êtres et des relations de pouvoir ? Continuer la lecture de « Danse orientale, danse de fertilité ? »