La danse orientale vue par Colette

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Née en Bourgogne en 1873, Colette est une femme de lettres, une romancière et une journaliste. Encore très jeune, elle épouse Willy, et part à Paris où elle côtoie le monde des arts et des lettres, ainsi que les cercles mondains. Elle devient le nègre* de son mari, puis le quitte, et gagne sa vie au music-hall, où elle présente, notamment, un numéro de pantomime orientale. Sa rencontre – et son mariage – avec Henri de Jouvenel lui ouvre les portes du journalisme, où elle excelle à décrire la vie sous toutes ses formes, dans un style ciselé au service de son art de l’observation.

Dans « Prisons et paradis » qui rassemble des textes écrits entre 1912 et 1932, Colette évoque une danseuse, qui lui est présentée comme une Ouled-Naïl durant un voyage en Algérie. Elle ne manque pas de saisir avec sagacité et justesse les éléments invisibles du rapport de force  entre les clients et la danseuse. Elle donne aussi une réalité à la femme décrite dans son quotidien, et ne se limite pas à l’image de la danseuse.

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Le Destin, de Youssef Chahine

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Youssef Chahine est reconnu mondialement comme l’un des plus grands cinéastes. Né en 1926 dans la très cosmopolite Alexandrie, il fait ses études secondaires en anglais et part en 1947 à Los Angeles pour étudier le cinéma. Trois ans plus tard, il revient en Egypte et tourne le premier de ses 40 films et documentaires.

Cultivé, ouvert d’esprit, il combat toute sa vie le fanatisme, la censure, et la corruption du pouvoir, ce qui lui vaut un séjour en prison en 1984. Il aspire à une société cosmopolite, fondée sur la connaissance et le partage. « Le Destin » est un conte inspiré par la vie d’Averroès, où sont réunis les éléments de cet idéal et ceux issus de son expérience de la montée de l’intégrisme.

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Must have de la danseuse : l’huile essentielle de gaulthérie

The last Queen, 3d CG

La danse est un plaisir, un apprentissage permanent, un sacerdoce parfois, et aussi l’occasion de se faire mal, ou de réveiller d’anciennes douleurs.

Pour remédier à ces désagréments, avec efficacité et en douceur, l’alliée idéale est l’huile essentielle de gaulthérie. Son nom complet est gaulthérie couchée. On l’appelle également wintergreen. C’est un tout petit arbuste, et c’est à partir de ses feuilles qu’est fabriquée l’huile essentielle.

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Tahia Carioca : Indépendance et Conformisme

"Life Magazine 1942"
« Life Magazine 1942 »

En 1937, quand la troupe du Casino Badia part en tournée estivale dans la Haute-Egypte, elle compte dans ses membres une jeune danseuse au style irrésistible : Tahia Carioca.

La jeune femme est arrivée au Caire quelques années auparavant. Elle a fui un environnement familial conventionnel, farouchement opposé à son désir de devenir danseuse. Elle prend des cours à l’Ecole de danse orientale Ivanova. Puis elle est engagée par Badia Masabni pour danser dans son Casino (le terme « cabaret » désignant des établissements de bas-étage) où se retrouvent les membres de l’administration coloniale et ceux de l’aristocratie orientale. Continuer la lecture de « Tahia Carioca : Indépendance et Conformisme »

Aux origines de la danse des 7 voiles

« Inanna, déesse de la sexualité, de la guerre et des inversions. »

La danse des 7 voiles est un des fantasmes attachés à la danse orientale. Elle est parfois reliée à la danse exécutée par Salomé pour Hérodote Antipas afin d’obtenir la tête de Saint Jean-Baptiste. Il s’agit en fait d’une modification judéo-chrétienne d’un mythe sumérien bien plus ancien, dont la protagoniste est la déesse Inanna, Ishtar en Akkadien.

L’action se situe en Mésopotamie, région qui s’étend entre les cours du Tigre et de l’Euphrate, jusqu’au golfe Persique. Actuellement, ce territoire de plaines et de collines se trouve en Iraq et au nord-est de la Syrie. Les hommes le peuplent depuis 12.000 ans avant notre ère, et au VIIIème millénaire avant JC, le mode de vie agricole y fait son apparition. L’emplacement d’un temple datant du Vème millénaire avant JC témoigne d’une vie religieuse.

Au nord, se trouvent les sémites, ou akkadiens, qui peuplent les cités-états de Babylone, Sippar, Kish, Opis, Akshak, Kouta et Akkad. Au sud, les non-sémites dits sumériens, avec Uruk, Nippur, Larsa, Lagash, Eridu et Ur. Les hégémonies d’une ville sur l’autre sont éphémères, jusqu’à ce que toutes soient réunies sous la domination de la cité-état d’Akkad où règne Sargon 1er, vers 2300 avant JC. Puis, à partir de 1785 avant JC, Hammurabi fonde l’Empire babylonien.

Akkadiens et sumériens admettent l’existence d’un grand nombre de dieux et de déesses. Chaque ville a le sien. Inanna/Ishtar est célébrée dans de nombreux temples,  et son culte domine celui des autres déesses mésopotamiennes. Elle est la déesse tutélaire de la ville d’Uruk.

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