Je suis petite. Je ne peux pas être sapeur-pompier, gendarme, hôtesse de l’air, ou danseuse de revue. Ca a commencé à ma naissance 🙂 Dès mes 6 mois, le docteur a rassuré mes parents : je ne serai pas grande, mais comme j’étais parfaitement proportionnée, cela ne posait aucun problème. Dès lors, « petite » a été pour moi une qualification, dénuée de sens péjoratif.
J’ai vraiment réalisé ce que « petite » veut dire quand, adolescente, j’ai croisé une autre adolescente de ma taille, et que nous nous sommes regardées dans les yeux, sans avoir à lever le regard. Je me souviens encore de la sensation étrange que j’ai ressentie. Je n’ai pas compris tout de suite pourquoi cette jeune fille me paraissait spéciale. Je garde encore en mémoire l’image de sa silhouette gracile. C’est à ce moment que j’ai pris conscience de l’aspect que je présente aux autres.
A cet âge, être différente, même un peu, ne m’a pas réjoui. J’en ai fait un complexe. Soudain, ce qui me qualifiait me dénigrait. Je vivais ma taille comme un handicap dans les relations humaines et professionnelles.