Un jour, une danseuse contemporaine, de formation classique, à laquelle je venais de dire que j’étais danseuse orientale, s’est mise immédiatement à tortiller du bassin, raide comme la justice. La voir ainsi se ridiculiser, penser qu’elle avait juste besoin d’un peu d’entraînement, me fit peine. Elle incarnait la vision académique européenne de la danse, pour laquelle la danse orientale est rabaissée à une gestuelle sexuelle et instinctive. Récemment, une danseuse amateure me déclarait qu’elle maîtrisait instinctivement la danse orientale parce qu’elle avait suivi des cours de danse africaine. Ses propos illustrent l’idée ethnocentrique européenne que toutes les techniques pelviennes se ressemblent. Par ailleurs, l’Afrique est un continent, et parler de danse africaine au singulier est une aberration. Pour ma part, après 20 ans de pratique, je ne me risque pas à trouver un lien quelconque entre les danses africaines et la danse orientale. Si toutes les techniques qui font appel au bassin sont pareilles, alors, il en va de même de toutes les techniques qui font appel aux jambes. De telle sorte que la danse classique et le football sont deux versions d’une même technique. Après tout, dans les deux cas, il est question de jambes et de dextérité…Quand il s’agit de techniques européennes, le ridicule des assimilations saute aux yeux 🙂
La technique de la danse orientale est au service de l’expression et du plaisir de la soliste. Deux choses qui l’opposent aux codes chorégraphiques européens. C’est en application de ces codes qu’elle est qualifiée de « facile. »
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