Naïma Akef, comme l’éclair

Crédit photo : Inconnu

J’ai découvert Naïma Akef dans une vidéo qui, aujourd’hui, a été retirée en raison d’une réclamation fondée sur les droits d’auteurs. C’est une perte pour la danse orientale car c’est dans cette vidéo que son style moderne et vif argent était le plus mis en valeur. Ses mouvements étaient rapides, petits et délicats, avec des enchaînements nouveaux mêlés à sa maîtrise des attitudes plus conventionnelles. Elle dansait en pantalon ce qui convenait parfaitement à sa silhouette.

La carrière de Naïma aurait pu finir dans les loges du Casino Badia, où ses camarades danseuses lui ont tendu une embuscade pour lui flanquer une correction afin de lui passer le goût d’être la favorite de Badia. Naïma rappelait peut-être à Badia Masabni ses débuts à Beyrouth, sur la scène du nightclub de Madame Jeannette, où elle avait conquis le cœur de l’audience chic en dansant et chantant. En effet, Naïma est l’une des seules danseuses à savoir également chanter et elle triomphe à chaque apparition.

Badia est une femme d’affaires, elle connaît la valeur de Naïma, mais elle sait aussi qu’un nightclub ne vit pas sur le talent d’une seule artiste, aussi douée soit-elle. Elle licencie Naïma après que celle-ci se soit sortie des griffes des jalouses…à la force des poings 😛

Le changement et l’adversité, Naïma les connaît depuis sa naissance et cette aventure n’a pas dû l’effrayer beaucoup.

Les sources ne s’accordent pas sur la date de sa naissance dans une ville du delta du Nil. Par contre, la date à laquelle un cancer l’emporte est celle d’avril 1966. Il semble admis qu’elle soit morte à l’âge de 36 ans, ce qui conduit à placer sa naissance en 1929.

La légende raconte que son grand-père était professeur de sport et qu’il enseignait notamment à l’école de police. Après avoir assisté au spectacle d’un cirque italien, il aurait décidé de créer un cirque familial. Naïma nait de parents acrobates et débute sur la piste dans cette discipline à l’âge de 4 ans. La vie itinérante du cirque la conduit sur de nombreuses routes jusqu’à l’âge de 14 ans, époque du divorce de ses parents et de la disparition du cirque. Grâce aux relations de son grand-père dans le monde du spectacle, elle est engagée dans des nightclubs du Caire où elle présente un numéro de clown et d’acrobatie. C’est ainsi qu’elle arrive au Casino Badia où elle est formée à la danse orientale.

Après son licenciement, elle est employée au Kit Kat Club où elle rencontre le réalisateur Hussein Fawzi qui tombe sous son charme. Il lui fait tourner son premier film en 1949 « Le pain et le sel » où elle partage l’affiche avec Saad Abdel Wahab, le neveu du compositeur et interprète Mohammed Abdel Wahab. En 1951, Hussein la met au générique du premier film égyptien tourné en couleur. Elle l’épouse en 1953 et le couple se sépare en 1958.

En plus du cinéma, elle est membre d’une compagnie de danse folklorique professionnelle et représente l’Egypte au Festival de la Jeunesse de Moscou en 1954 (certaines sources écrivent 1957) A cette occasion, elle est nominée au titre de la meilleure danseuse du festival. Pour le théâtre, elle chorégraphie également plusieurs tableaux où s’expriment les différentes influences de sa formation. Vigilante sur sa forme musculaire (elle surveille son poids) elle utilise ses aptitudes et sa connaissance du corps pour créer un style libéré des approximations de la tradition.

Deux ans après s’être retirée pour se consacrer à son fils unique, né d’un second mariage avec un comptable, elle disparaît, laissant dans nos yeux l’éblouissement que laisse la lumière fine et marquée de l’éclair.