« Tout peut arriver » de Nancy Meyers. Amour et création au féminin.

Le film aura 20 ans l’année prochaine. Il demeure une pièce de grand joailler pour tous ceux et toutes celles qui apprécient les caractères complexes, les dialogues ciselés, les sentiments paroxysmiques exprimés avec délicatesse, et les occasions manquées qui se représentent parfois…

La production artistique est partie prenante dans l’endoctrinement des peuples. C’est pourquoi les studios ne voulaient pas de cette histoire d’amour qui dément la doxa au service de la reproduction des êtres et des modèles, à savoir, que l’amour est une affaire de jeunes aux hormones fringantes.

Mais Nancy Meyers, expérimentée et déterminée, est parvenue à produire et tourner ce film dont elle a écrit le scénario. Mondialement, ce sera son plus grand succès après « Ce que veulent les femmes. »

Elle, Erica Barry (interprétée par la très chic et très irréprochable Diane Keaton), auteur renommée de pièces de théâtre à Broadway, cinquantenaire, divorcée, littéraire, francophile, élégante par nature, très Côte Est, est en mal d’inspiration.

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Madame de Tourvel, l’incandescente

Meg Tilly

L’été se prête à la lecture de polars et de romans de plage insipides. Si tu es tentée par une expérience plus intense, « Les Liaisons dangereuses » pourraient te plaire.

C’est une histoire de manipulation. Et d’une femme amoureuse qui en meurt. Sujet intemporel s’il en est.

« Les Liaisons dangereuses », roman épistolaire publié en 1779 par Choderlos de Laclos est, selon moi, un chef d’oeuvre inégalé.

Notre époque inculte aime voir dans Cécile de Volanges une victime et dans la Marquise de Merteuil une précurseur de l’égalité entre les sexes.

La vérité est que Cécile est vulnérable parce qu’elle est naturellement dépourvue de tout frein à son désir de satisfactions immédiates. Quant à la Marquise, elle explique clairement dans la lettre 81, que ce qui lui importe est de ne pas perdre, à défaut de gagner. Cela fait d’elle un outil parfait de domination brutale. De nos jours, la première pourrait être influenceuse, la seconde membre du conseil d’administration d’une multinationale.

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Laylâ, ma raison

 

"La légende de Qays et Laylâ date du VIIème siècle."
« La légende de Qays et Laylâ date du VIIème siècle. »

La danse orientale est une discipline très ancienne. Reléguée en marge des sociétés monothéistes, son esprit a survécu, et sa technique a évoluée au fil des contextes socioculturels qu’elle a traversés.

La légende de Qays et Laylâ fait partie de l’environnement artistique de la danse orientale. Elle date du VIIème siècle, et a été adaptée pour le cinéma, en 1989, par le metteur en scène tunisien Taïeb Louhichi.

Qays et Laylâ  vivent dans un campement prospère, près d’une oasis, dans le désert d’Arabie. Leurs pères sont cousins. Qays est un jeune homme brillant, aussi doué pour l’action que pour les arts. Ses parents croient en lui, et l’envoient parcourir le monde. Quand il revient, il n’a qu’une idée en tête : chanter Leylâ, et l’amour qu’il lui porte, dans ses poèmes. Cela est strictement contraire aux codes qui régissent le campement. L’amour pour une femme ne se dit pas, et encore moins l’amour pour le corps d’une femme. Mais Qays refuse de considérer les vers d’amour comme des choses défendues et impures. Il se rebelle contre ces limites de l’intime qui sont imposées à son art. Quand le père de Laylâ rejette sa demande en mariage, il se met à errer dans le désert. Jusqu’à en devenir fou. Laylâ est mariée à un autre homme. Mais celui-ci est désespéré de ne pas la rendre heureuse. Il la ramène à sa famille, où elle meurt.

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