The Perfect Candidate de Haifaa Al Mansour

Crédit photo :  Neue Visionen Filmverleih

Le slogan – que je trouve racoleur – de l’affiche : « En Arabie Saoudite, la politique reste une histoire d’hommes » laisse de côté 70% de l’essence de cette comédie qui m’a enchantée.

Dans une petite ville d’Arabie Saoudite, Maryam est médecin-chirurgienne. Les ambulances et les patients accèdent à l’hôpital où elle exerce par un chemin de terre, inondé suite à une rupture de canalisation. Maryam est brillante et passionnée, elle obéit en tous points au code qui régit sa vie professionnelle et sa vie privée. Car Maryam rêve de partir travailler dans l’hôpital d’une grande ville et, pour cela, elle s’applique à être « la candidate parfaite ».

Son rêve pourrait bien devenir réalité quand des postes sont proposés à Dubaï. Elle achète son billet pour présenter sa candidature, mais elle est refoulée à l’aéroport car son autorisation de voyager, signée par un tuteur mâle, n’a pas été demandée par voie informatique. Or, fatalité, son papa, fin joueur de oud, est parti avec son orchestre pour la tournée dont ils attendent l’autorisation depuis 20 ans.

L’un parti, l’autre reste et commence à agir selon ses règles, qui ne sont plus exactement celles de « la candidate parfaite ».

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Caramel de Nadine Labaki

Crédit photo : Bac Films

Sorti en 2007, Caramel, le film de Nadine Labaki repasse cet été sur France TV.

Layale dirige le salon de coiffure et d’esthétique « Si Belle » dont le B de l’enseigne ne tient plus que par un clou sur la devanture, dans une rue poussiéreuse et brûlée par le soleil à Beyrouth.

Elle emploie Rima, homosexuelle discrète, qui subit avec indifférence la cour appuyée, quoique charmante, que lui fait le livreur ; et Nisrine, qui va bientôt se marier et qui ne rend visite à sa belle-famille qu’en jupe longue et chemisier boutonné des poignets au cou.

Quant à Layale, sa vie est suspendue à un klaxon, celui de la voiture de l’homme marié avec lequel elle a une relation qu’elle tente de tout son cœur de rendre romantique, mais dont elle a honte.

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Danser en France en 2020

Crédit photo : Patrice Bucher

La culture peut se définir comme une innovation individuelle adoptée par la société et les moyens mis en œuvre pour sa transmission. Les récentes avancées de l’éthologie établissent que bien des comportements autrefois qualifiés de « naturels » seraient en fait « culturels ».

L’anthropologie de son côté démontre que les sociétés humaines s’organisent autour des réponses qu’elles apportent  à ces trois questions : qu’est-ce qui est Beau, qu’est-ce qui est Juste, qu’est-ce qui est Sacré. Les réponses apportées sont arbitraires. L’important est qu’elles fassent consensus au sein de la société et qu’elles permettent d’établir les règles qui vont créer les conditions matérielles et spirituelles d’existence.

En France, en matière de danse, les critères de la Beauté sont le travail des jambes, le brillant de la technique, la puissance, la mixité (quoique souvent chaque sexe ait des pas et des rôles bien déterminés), la représentation sur scène et la nécessité d’un récit ou, plus récemment, le développement d’un concept.

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Choisir ton cours de danse orientale

C. Ph : Patrice Bucher

Dans l’offre toujours croissante des activités qui te sont proposées, cette année, tu as choisi la danse orientale. Je m’en réjouis et j’espère que cette discipline te portera aussi loin qu’elle le fait pour moi. Voici quelques pistes pour choisir ton cours – ou tes cours – en pleine connaissance de cause 🙂

A la recherche de la puissance féminine oubliée

Les sources sont rares quant aux origines de la gestuelle que nous appelons danse orientale. Toutefois, il semble qu’elle soit apparue dans l’antiquité, sur les territoires qui appartiennent actuellement à l’Irak, la Syrie et l’Egypte. Héritière des danses d’extase par lesquelles les danseurs sollicitent l’aide des forces supérieures pour l’accroissement et le développement du groupe social, sa forme la plus accomplie serait celle qui était dansée dans les temples.

Les danseuses étaient alors au service d’un culte et leur statut pourrait avoir été proche de celui des prêtresses, lesquelles étaient des lettrées en charge à la fois de la gestion quotidienne des propriétés terriennes (souvent immenses) du temple et de la continuité de l’identité spirituelle malgré les nombreux et violents changements de dynasties.

Leur prestige était si grand que Sargon d’Akkad (2330-2285 av.JC), chef de guerre et fondateur de l’empire d’Akkad , se prétendait le fils d’une grande prêtresse et de père inconnu. Il nomma sa fille En-heduanna grande prêtresse du dieu Nanna dans la ville d’Ur.

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Black Swan

C.Ph : Twentieth Century Fox

Sorti en 2010, Black Swan de Daren Aronofsky est un film sur la folie, dans la même veine que Qu’est-il arrivé à Baby Jane ? et Rosemary’s baby, mais en beaucoup moins talentueux.

L’histoire met en scène une danseuse et son double maléfique qui prend possession de son esprit à l’occasion de la création et de la représentation du ballet Le Lac des Cygnes (version Bolchoï).

Au commencement, Aronofsky souhaitait réaliser un film sur le sujet du double. Il s’est rendu à une représentation du Lac des Cygnes après avoir lu Le Double de Dostoïevski et l’idée a germé d’utiliser le cadre du ballet classique pour raconter son histoire.

Black Swan n’est donc pas un film sur la danse et cela se voit. Outre des effets spéciaux assez moches, les scènes dansées font l’objet de prises sans relief, sans discernement et sans amour. J’ai eu l’impression que Black Swan était l’antithèse des Chaussons Rouges de Michael Powell et Emeric Pressburger. Continuer la lecture de « Black Swan »