La beauté est un levier pour attirer nos esprits sur le chemin de l’idéal. Parvana est servi par des techniques graphiques qui nous entraînent au-delà des apparences sordides de la vie d’une petite fille en Afghanistan, à la découverte des achèvements intimes que permettent l’esprit et le courage, quels que soient les périls à affronter.
Parvana est la fille cadette de parents érudits. Son papa a perdu sa jambe durant la guerre contre l’URSS. Professeur sans poste, il est réduit à offrir ses services d’écrivain public au marché. A l’occasion, il propose également à la vente quelques beaux objets, vestiges d’une époque où la famille connaissait le confort.
Malgré les rudes conditions d’existence et la menace des talibans qui plane sur cet homme sage, il instruit ses deux filles. Il leur enseigne l’histoire de l’Afghanistan, ce pays dont le peuple est la seule richesse, enclave de terre malmenée par les appétits des envahisseurs qui se sont succédés dans l’histoire. Pourtant, ce pays est capable de paix, il l’a connue et il la souhaite pour ses enfants. Il raconte aussi des contes, que Parvana connaît par cœur et qu’elle conte à son tour à son tout petit frère pour qu’il trouve le sommeil.
Quand le papa est emprisonné par les talibans, les femmes restent seules avec le bébé. En qualité de femmes, elles ne peuvent pas se déplacer sans la tutelle d’un homme de la famille, père ou frère. Dès lors, elles n’ont plus aucun moyen de subvenir à leur besoin fondamental : celui de se nourrir.
Alors, Parvana, qui est à l’âge où le féminin et le masculin s’épousent dans l’apparence des enfants, va devenir un garçon.
Pour endurer les apprentissages et supporter les épreuves nés de cette nouvelle liberté, Parvana raconte à son frère, à son « copain » de galère les aventures d’un garçon qui, lui aussi, est entraîné dans une quête initiatique.
Trois techniques graphiques alternent dans ce dessin-animé (film d’animation pour faire plus chic … 😛 ) Celle qui illustre la réalité, celle qui illustre le passé évoqué par le Papa et celle qui illustre la quête du garçon.
Toutes sont magnifiques, mais cette dernière m’a particulièrement enchantée. Il s’agit d’une animation créé à partir de cartons articulés, avec un dessin qui m’a rappellé les broderies et les objets de bois peints slaves.
J’ignore si c’est une pratique courante en Afghanistan que les filles pré-pubères prennent l’identité de garçons. Cela me semble assez probable, ne serait-ce que pour subvenir aux besoins quotidiens de leur famille.
Choisir l’angle de cette transformation pour raconter l’histoire est particulièrement efficace pour nous faire ressentir combien un ordre social fondé sur un suprémacisme, ici la prééminence des valeurs misogynes, asservit les êtres en leur interdisant de satisfaire leurs plus élémentaires besoins.
Cette forme de suprémacisme, fondé sur la génétique, développe un haut niveau d’hypocrisie pour continuer à prétendre que le faux est vrai et que les lois de la révélation l’emportent sur la raison et les sciences, quitte à répandre la haine sur tout esprit qui revendiquerait la douceur des mœurs et les libertés individuelles.