Depuis des siècles, la danse orientale est une danse de divertissement. Dans les appartements des femmes, devant les cafés ou les maisons, plus tard dans les cabarets et dans les hôtels, pour les fêtes de familles ou les célébrations collectives, les danseuses sont engagées pour faire passer agréablement le temps.
Voici mes 4 bonnes raisons d’apprécier les danseuses orientales dans les restaurants.
J’ai débuté ma carrière dans les restaurants
Je vous ai raconté le souvenir magique que j’ai de la toute première fois où j’ai dansé dans un restaurant. Bien entendu, j’avais participé à des galas. Mais je n’avais jamais dansé dans ce contexte où le public est physiquement proche mais psychologiquement éloigné des codes esthétiques d’un spectacle de danse. Toutefois, j’ai rapidement découvert que danser dans un lieu qui n’est pas destiné à cela ouvre des possibilités d’enrichissements techniques et artistiques, à condition d’être à l’écoute. Techniquement, cela demande de s’adapter à l’espace, mais aussi d’inventer de nouveaux points de vue qui mettent en valeur la gestuelle. Artistiquement, l’attention favorable de certaines tables et l’indifférence d’autres, donne l’occasion de traverser différentes émotions et d’expérimenter spontanément le partage ou la distance. C’est pour être disponible à ces émotions contrastées que j’ai toujours improvisé. Communiquer avec les tables, qu’elles soient bienveillantes ou hostiles, est la clef pour que la prestation ne paraisse pas artificielle et sans âme.
Il y a des danseuses de talent dans les restaurants
Alors oui : il y en a de moins talentueuses 😉 Mais la proportion est la même sur scène. Car s’il est vrai que la scène est conçue pour mettre en valeur le travail des artistes, la danse orientale n’est pas faite pour la scène. C’est une gestuelle répétitive, hypnotique et intimiste. La danseuse évolue à la hauteur des spectateurs, et les limites de l’espace qu’ils partagent sont mouvantes. Cette porosité entre la danseuse et son public créé une énergie et une tension bien particulières qui sont perdues sur scène, à moins qu’un rigoureux travail d’état de corps ne soit mené au préalable. L’ajout de qualités scéniques formelles ne suffit pas. Par contre, le restaurant est un cadre adapté où j’ai assisté à de très belles représentations de danse orientales.
J’aime manger en regardant une danseuse orientale
Certains pensent que le lien implicite qui se créé entre la nourriture et la danse dans les restaurants dévalorise la danse orientale. Je ne partage pas du tout ce point de vue. Bien au contraire : ce lien ajoute à la volupté. Dans cette ère d’abondance et de gaspillage, la plupart d’entre nous oublient que l’alimentation est autant une obligation pour survivre qu’un plaisir pour savourer le monde. Un plaisir aussi précieux que celui d’aimer les arts. Que l’interprétation de la danseuse ne dépasse pas le premier degré, ou qu’elle atteigne une véritable qualité artistique, enchantement des mets et sensualité de la danse se complètent et se servent mutuellement.
Les danseuses orientales dans les restaurants sont des performeuses
La performance est un art contemporain que le Larousse définit comme un « mode d’expression artistique qui consiste à produire […] un événement dont le déroulement dans le temps et les implications plus ou moins prévues constituent l’œuvre même. » Il s’agit de remettre en cause les codes occidentaux de la représentation artistique. C’est tout à fait ce qu’il se passe quand une danseuse apparaît dans le quotidien de gens venus manger au restaurant. L’improvisation et l’interaction avec le public ajoutent l’imprévisible et l’aléatoire à la représentation. Elles composent ainsi une œuvre éphémère et unique.