Le premier cours de danse orientale de ma vie

Gunnar Berndtson, Almée

Devenir une danseuse orientale

Ce n’est pas si facile d’aller vers l’inconnu. Je me demande en quittant le vestiaire ce que la professeure va me demander. Mais, je sais ce que je suis venue chercher dans ce cours : je veux devenir une danseuse orientale.

Je pose le pied sur le parquet flottant de la grande salle lumineuse, et je la parcours du regard. Elle est haute de plafond. Au fond, les grands rideaux mal fermés laissent voir les baies qui donnent sur le toit. J’ai rarement vu une aussi belle salle. Encore aujourd’hui, je considère cela comme le signe que ma rencontre avec la danse orientale était absolument inévitable, placée sous des auspices favorables.

Yasmina

Je me présente à Yasmina. Elle est belle. Grande, très ronde, les hanches pleines, la taille de guêpe. Elle est blonde. Je suis soulagée de constater que, décidément, la danse orientale n’exclut aucun physique : toutes les femmes sont capables de pratiquer la danse orientale.

Je vais suivre l’enseignement de Yasmina durant trois ans. Jamais je ne serai déçue par sa pédagogie. Pour cette première fois, nous nous plaçons face au miroir, et  elle explique aux nouvelles venues le grand principe de la danse orientale : l’isolation.

Le principe de base : l’isolation

L’isolation consiste à bouger une partie du corps sans entraîner les parties qui lui sont attenantes. Par exemple : le coup d’épaule. Il faut porter sèchement vers l’avant le bout de l’os de la clavicule. Puis le laisser revenir naturellement en place.  L’omoplate donne l’impulsion mais pas la direction. Pas évident tout de suite. Avec un peu de pratique, je vais constater que je gagne beaucoup de souplesse entre les composantes des différentes parties de mon corps. Mais au début, je crispe comme une forcenée, partant inconsciemment du principe que je parviendrais à isoler mon épaule en contractant tout le reste du corps. Erreur !

Alors, Yasmina me donne une des clefs secrètes de la technique orientale. L’isolation n’est possible que si le reste du corps est tenu mais détendu. Elle me guide pour me faire sentir la différence entre le va et vient du mouvement qui serre et desserre  la partie du corps que je veux bouger, et la légère tension qui maintient mon corps. Cette tension est moins une question de force que d’équilibre.