Le serpent et la danseuse orientale

"Funny snakes in leaves."
« Funny snakes in leaves. »

L’une des images attachées à la danseuse orientale est celle de courbes féminines qui forment des lignes sinueuses avec la souplesse du serpent.  Il existe d’ailleurs un mouvement appelé « les bras serpent. »

Le serpent est lié à la Terre. Sa capacité à changer de peau en fait le symbole du cycle qui va de la mort à la renaissance. Nichant dans des endroits humides et/ou souterrains, il apporte aux hommes la sagesse des mystères enfouis.  Sa capacité à se déplacer par la seule force des ondes de ses reptations en fait la représentation parfaite de l’énergie vitale à l’œuvre dans les entrailles de tout ce qui vit pour que jamais ne cesse le cycle des changements d’état. Le serpent est cette force qui demeure, dépassant la limite des formes différenciées des existences éphémères, qu’elles soient minérales, végétales ou animales.

De son côté, la danse orientale prend sa source dans des systèmes symboliques où elle rend manifeste l’énergie féminine. Cela ne s’arrête pas à la seule fertilité – qui est aussi un attribut de certaines divinités masculines.

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Gala, le meilleur

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Beaucoup d’école de danse proposent un gala de fin d’année. Pour la majorité des élèves, la représentation sur scène est l’aboutissement de leurs efforts. Elle peut aussi être un objectif concret qui motive quand le plaisir de danser s’amoindrit ou que les progrès se font attendre.

Plus pragmatiquement, le gala est l’occasion pour l’école de danse de remplir les caisses. Les sommes récoltées sont employées pour gratifier des professeurs, pour financer leurs stages, pour organiser des sorties ou pour acheter du matériel.

Je mentionne l’aspect financier de l’opération pour insister sur le fait que rien n’oblige les élèves à participer à ces galas. Le paiement du prix des cours rémunère l’enseignement reçu. La présence au gala n’est pas un dû. Je pense qu’il est malhonnête de se désintéresser de ceux et celles qui ne souhaitent pas monter sur les planches en fin d’année.

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Tahia Carioca : Indépendance et Conformisme

"Life Magazine 1942"
« Life Magazine 1942 »

En 1937, quand la troupe du Casino Badia part en tournée estivale dans la Haute-Egypte, elle compte dans ses membres une jeune danseuse au style irrésistible : Tahia Carioca.

La jeune femme est arrivée au Caire quelques années auparavant. Elle a fui un environnement familial conventionnel, farouchement opposé à son désir de devenir danseuse. Elle prend des cours à l’Ecole de danse orientale Ivanova. Puis elle est engagée par Badia Masabni pour danser dans son Casino (le terme « cabaret » désignant des établissements de bas-étage) où se retrouvent les membres de l’administration coloniale et ceux de l’aristocratie orientale. Continuer la lecture de « Tahia Carioca : Indépendance et Conformisme »

Aux origines de la danse des 7 voiles

« Inanna, déesse de la sexualité, de la guerre et des inversions. »

La danse des 7 voiles est un des fantasmes attachés à la danse orientale. Elle est parfois reliée à la danse exécutée par Salomé pour Hérodote Antipas afin d’obtenir la tête de Saint Jean-Baptiste. Il s’agit en fait d’une modification judéo-chrétienne d’un mythe sumérien bien plus ancien, dont la protagoniste est la déesse Inanna, Ishtar en Akkadien.

L’action se situe en Mésopotamie, région qui s’étend entre les cours du Tigre et de l’Euphrate, jusqu’au golfe Persique. Actuellement, ce territoire de plaines et de collines se trouve en Iraq et au nord-est de la Syrie. Les hommes le peuplent depuis 12.000 ans avant notre ère, et au VIIIème millénaire avant JC, le mode de vie agricole y fait son apparition. L’emplacement d’un temple datant du Vème millénaire avant JC témoigne d’une vie religieuse.

Au nord, se trouvent les sémites, ou akkadiens, qui peuplent les cités-états de Babylone, Sippar, Kish, Opis, Akshak, Kouta et Akkad. Au sud, les non-sémites dits sumériens, avec Uruk, Nippur, Larsa, Lagash, Eridu et Ur. Les hégémonies d’une ville sur l’autre sont éphémères, jusqu’à ce que toutes soient réunies sous la domination de la cité-état d’Akkad où règne Sargon 1er, vers 2300 avant JC. Puis, à partir de 1785 avant JC, Hammurabi fonde l’Empire babylonien.

Akkadiens et sumériens admettent l’existence d’un grand nombre de dieux et de déesses. Chaque ville a le sien. Inanna/Ishtar est célébrée dans de nombreux temples,  et son culte domine celui des autres déesses mésopotamiennes. Elle est la déesse tutélaire de la ville d’Uruk.

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