Prêtresses en Mésopotamie

Crédit photo : Patrice Bucher

En Mésopotamie, région entre les fleuves Tigre et Euphrate, principalement sur le territoire de l’actuel Irak, les femmes assument de hautes fonctions religieuses.

Les civilisations qui s’ajoutent et se succèdent sur ce territoire sont marquées par un haut degré de raffinement, qui se manifeste, notamment, par l’invention de l’écriture cunéiforme à Uruk en 3300 avant JC.

Les temples sont les demeures des dieux qui vivent sur terre. Les satisfaire est le destin de l’humanité. Les temples sont des centres économiques et administratifs. Des actes juridiques y sont rédigés et conservés, les surplus de la production agricole, améliorée par les nouvelles techniques d’irrigation, y sont conservés, comptabilisés, distribués, des animaux de rente y sont abattus, des étoffes y sont tissées, des prêts y sont accordés…

Toutes ces tâches emploient des hommes libres maîtrisant des savoir faire et des esclaves.

Aux membres des classes privilégiées les hautes fonctions religieuses qui permettent l’accès au saint des saints, le Naos, le lieu le plus reculé où vit le dieu. Lieu dont l’entrée est absolument interdite au commun des mortels.

Car au contraire des cultes monothéistes, les rituels ne sont pas publics. Ils se déroulent rien que pour les yeux des différentes catégories de prêtres qui officient dans l’intimité des dieux qu’ils réveillent, lavent, habillent, nourrissent et, parfois, réjouissent de leurs orgies.

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Hathor et la danse orientale

Sistre à tête de la déesse Hathor

« Lève-toi et lie celui que je regarde pour qu’il soit mon amant, puisque j’adore son visage. »

Incantation à la déesse Hathor

Une prière intemporelle et féminine, comme le désir de l’amoureuse qui dévore chaque instant du jour et de la nuit…

Le terme Egypte antique embrasse plus de trois millénaires et des cultures matérielles et spirituelles qui se sont ajoutées ou relayées.

A l’origine, les vastes territoires de la haute (sud) et basse (nord) Egypte entourant le Nil aux sources mystérieuses. Des chefs de guerre règnent sur des fiefs, un fleuve apporte tour à tour l’abondance et la tragédie, des cosmogonies et des mythes nombreux apaisent l’âme des hommes.

Une forme archaïque de déesse vache est attestée dans plusieurs endroits. Elle préside aux forces vitales et côtoie, entre autres, la déesse serpent Ouadjet au nord et la déesse vautour Nekhbet au sud.

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Souhair Zaki, la douce étoile du Caire

En 1952, le Mouvement des officiers libres dirigé par le général Mohammed Naguib renverse la monarchie égyptienne. La République égyptienne est proclamée et son programme tient en 6 points révolutionnaires : fin du colonialisme et du féodalisme, fin de la domination du capital sur le pouvoir politique, établissement de la justice sociale, instauration d’une vie démocratique stable et formation d’une armée nationale.

En 1954, le brillant et charismatique lieutenant-colonel Gamal Abdel Nasser devient le deuxième président de la jeune République égyptienne. Il succède à Naguib jugé trop proche des Frères musulmans.

Née en 1944 ou 1945, Souhair a une dizaine d’années quand souffle sur l’Egypte ce vent de renouveau et de liberté. Elle a perdu son père dans son jeune âge et a quitté sa ville natale de Mansoura pour Alexandrie à l’âge de 9 ans. Sous la direction de son beau-père, elle commence à danser dans les nightclubs (le terme de cabaret désigne des établissements de bas étage. Pour aller plus loin : Badia Masabni : la Civilisatrice) grecs où son style est remarqué par un public cosmopolite et conquis par les idées progressistes.

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The Perfect Candidate de Haifaa Al Mansour

Crédit photo :  Neue Visionen Filmverleih

Le slogan – que je trouve racoleur – de l’affiche : « En Arabie Saoudite, la politique reste une histoire d’hommes » laisse de côté 70% de l’essence de cette comédie qui m’a enchantée.

Dans une petite ville d’Arabie Saoudite, Maryam est médecin-chirurgienne. Les ambulances et les patients accèdent à l’hôpital où elle exerce par un chemin de terre, inondé suite à une rupture de canalisation. Maryam est brillante et passionnée, elle obéit en tous points au code qui régit sa vie professionnelle et sa vie privée. Car Maryam rêve de partir travailler dans l’hôpital d’une grande ville et, pour cela, elle s’applique à être « la candidate parfaite ».

Son rêve pourrait bien devenir réalité quand des postes sont proposés à Dubaï. Elle achète son billet pour présenter sa candidature, mais elle est refoulée à l’aéroport car son autorisation de voyager, signée par un tuteur mâle, n’a pas été demandée par voie informatique. Or, fatalité, son papa, fin joueur de oud, est parti avec son orchestre pour la tournée dont ils attendent l’autorisation depuis 20 ans.

L’un parti, l’autre reste et commence à agir selon ses règles, qui ne sont plus exactement celles de « la candidate parfaite ».

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Caramel de Nadine Labaki

Crédit photo : Bac Films

Sorti en 2007, Caramel, le film de Nadine Labaki repasse cet été sur France TV.

Layale dirige le salon de coiffure et d’esthétique « Si Belle » dont le B de l’enseigne ne tient plus que par un clou sur la devanture, dans une rue poussiéreuse et brûlée par le soleil à Beyrouth.

Elle emploie Rima, homosexuelle discrète, qui subit avec indifférence la cour appuyée, quoique charmante, que lui fait le livreur ; et Nisrine, qui va bientôt se marier et qui ne rend visite à sa belle-famille qu’en jupe longue et chemisier boutonné des poignets au cou.

Quant à Layale, sa vie est suspendue à un klaxon, celui de la voiture de l’homme marié avec lequel elle a une relation qu’elle tente de tout son cœur de rendre romantique, mais dont elle a honte.

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