Lady Mary Wortley Montagu séjourne en Orient pour des raisons de santé. Elle accède aux appartements des femmes, et partage leur vie quotidienne derrière les moucharabiehs. Ses témoignages dénotent une sensibilité subtile, qui lui permet de saisir la profondeur et la sensualité de la danse orientale.
En 1717, elle décrit ainsi le travail de la danseuse :
« Cette danse était très différente de ce qu’il m’avait été donné de voir jusque-là. Rien n’était plus artistique ni plus suggestif. Les mélodies subtiles, les mouvements langoureux, ponctués de pauses et de coups d’oeil mourants, les corps à demi renversés en arrière puis relevés avec un art si élaboré que, je l’affirme, les êtres les plus froids, les plus prudes et les plus rigides ne pourraient pas les regarder sans penser à des choses dont il est inconvenant de parler. »*
Ce texte est fondamental en ce qu’il atteste de l’existence d’une forme aristocratique de la danse orientale, différente de celle pratiquée par les danseuses qui se produisent lors des fêtes, ou dans les bordels.
Or, cette forme populaire est celle qui est accessible au plus grand nombre. En effet, la possession d’un harem est un privilège réservé à l’élite financière.
Dès lors, avec la disparition des harems et de leur culture, s’évanouit l’expression la plus raffinée de cet art.
Toutefois, une solide connaissance de l’histoire permet de tirer de l’oubli l’esprit originel de la danse orientale, ainsi que les contextes dans lesquels elle a été transmise et conservée.
Le travail et l’indifférence aux préjugés de l’ignorance conduisent à ressusciter cette danse artistique et raffinée. Celle-là que Lady Mary admire sans réserves et en amateure d’art avertie.
A ce jour, elle est la seule européenne attestée à avoir pu pénétrer dans le monde interdit de la culture des harems.
*Lady Mary W. Montagu, « L’Islam au coeur «