Enroulée dans la serviette, j’ouvre les deux battants de mon armoire. Et je reste un long moment à observer, d’un côté, les vêtements qui pendent mollement aux cintres, de l’autre, les piles bien pliées endormies sur les étagères.
J’ai beau plisser les yeux, je me rends à l’évidence : la garde-robe de l’étudiante de l’an 2000 ne contient pas beaucoup de jupes froufroutantes et soyeuses…Je déterre bien ma jupe J.Crew, ultra-longue, en beau jersey de coton, achetée 3 $ à une vente de charité à New-York. Du confortable, certes, mais pas du sensuel. Et elle a un défaut rédhibitoire : elle serre la taille. Or, c’est la première chose apprise dans les vestiaires : « Ici, tu libères la taille ! ».
A force de creuser, je découvre un long jupon rose poudré. Joie : il est en satin de soie. Sa coupe est des plus primitives : deux rectangles, un devant, un derrière, cousus sur les côtés, serrés et froncés en haut par un cordon, qui s’adapte selon que je veux le porter à la taille ou sur les hanches. Je suis toute contente ! La soie suit les mouvements sans résistance. Adopté ! En plus, je me souviens que c’est une solde achetée sur un coup de cœur….encore un signe favorable à l’entrée de la danse orientale dans ma vie !
Je passe au haut. Apparemment, moins compliqué, car les brassières et justaucorps font partie des tenues occidentales pour la danse. Sauf que, ce soir, je trouve celles en ma possession très tristounettes : noir, gris, gris chiné, bleu… J’ai encore dans les yeux l’éclat des paillettes, des perles et des sequins brodés sur les corsages que j’ai admirés en cours. Mes hauts mettent en valeur la musculature. Mais pas du tout la féminité. Je laisse tomber de ce côté-là.
La pépite se révèle sous la forme d’un cache-cœur en viscose. Le décolleté en V dévoile la rondeur des seins. Il est blanc, et la bonne élasticité du tissu permet de régler les hauteurs au-dessus du nombril, au fur et à mesure que je prendrai confiance en moi.
La ceinture est plus facile à dénicher. Pour commencer, ce sera une écharpe en coton rose fuchsia, dont je me sers pour les dîners d’été. A peine noué, ce banal tissu met en scène la fermeté et la douceur de mes hanches. Il m’aide également à focaliser mon attention sur elles.
Je recule un peu pour me regarder dans le miroir. Je m’aperçois que je suis en train d’acquérir un nouveau code vestimentaire pour exprimer ma sensualité. Je maîtrise celui de l’Occident. Maintenant, j’apprends celui de l’Orient.
Le but est de s’amuser avec les deux !