Les cours, même plusieurs fois par semaine, apportent la nouveauté et l’intensité, mais le corps et l’esprit ne disposent pas de la durée nécessaire pour comprendre en détail le mouvement et pour le ressentir pleinement. Cette assimilation se fait par un travail régulier.
Il n’est pas nécessaire de diminuer la liberté naturelle du corps pour obtenir un beau mouvement en danse orientale. Au contraire, il faut utiliser cette liberté, saisir comment le corps s’organise autour du geste, et rendre cette organisation plus subtile afin qu’aucune étape ne manque.
Un mouvement abouti est un mouvement qui n’est ni une imitation, ni une interprétation mais la manifestation concrète d’une présence. Je ne vais pas vous mentir, c’est plutôt compliqué à atteindre, mais voici quelques pistes pour travailler un peu chaque jour et obtenir des résultats. 🙂
Une semaine pour un mouvement (ou un enchaînement)
J’ai tendance à penser que dispersion est mère d’approximation. Une exécution imparfaite peut apporter la satisfaction d’épater un public bienveillant, mais elle ne rend pas possible l’expérience intime qui est l’un des sens de la danse orientale.
Pour acquérir de la maîtrise, je consacre chaque semaine au travail d’un mouvement, ou d’en enchaînement. D’abord, je décompose le mouvement. J’identifie ses directions et la circulation du poids du corps durant son exécution. Puis, je place successivement mon attention sur plusieurs parties de mon corps (nez, majeur, voûte plantaire…) qui, à priori, ne sont pas impliquées dans le mouvement. Et je l’observe depuis ces points. Cela créé une tension du corps qui permet d’habiter pleinement le mouvement, plutôt que de le regarder depuis l’extérieur. Ensuite, à ce stade, je suis capable de me libérer du miroir, et de danser en m’appuyant sur mes sensations. Enfin, je cherche des variations au mouvement. Je joue sur l’amplitude, sur l’asymétrie, sur la vitesse, sur l’inverse, sur l’orientation du corps…
Sur le papier, ce développement minutieux peut paraître manquer d’intérêt. En pratique, c’est un excellent moyen de faire sien le mouvement, ou l’enchaînement, et de renforcer sa créativité.
10 minutes par jour là où vous êtes
Je pense que c’est un tort de trop formaliser les séances de répétition. Parfois, le fait d’appliquer des règles au lieu, à la tenue, à l’heure dédiés à la danse emprisonne l’envie et l’inspiration. De plus, pour celles qui ont un agenda chargé, j’ai constaté qu’il vaut mieux travailler 10 minutes par jour TOUS les jours, que 3 heures un dimanche sur deux. Dans la salle de bain, devant le miroir en s’habillant, dans le reflet du frigo ou du four, je conseille de répéter quand l’idée et l’envie vous viennent. Le fait de ne pas mettre de pression sur la forme de la répétition dédramatise l’exercice. Je me suis aperçue que je me permets plus d’explorer quand je travaille dans un espace familier, plutôt que dans un lieu consacré à la danse, qui peut être impressionnant. C’est l’un des avantages de la danse orientale de pouvoir être pratiquée dans des espaces de la vie de tous les jours.
Laissez reposer
J’ai constaté qu’il y a de la chimie dans la danse, comme il y en a dans la pâtisserie 🙂 Si la précision et la régularité sont d’excellentes choses, l’acharnement sur un mouvement « qui ne veut pas sortir » peut aboutir à un phénomène de rejet qui empêche l’acquisition. J’ai appris qu’un mouvement « qui ne sort pas » est souvent le signe d’un corps qui est en train de calculer pour trouver le chemin de ce mouvement. Souvent, un entraînement détendu et un peu de temps viennent à bout de la difficulté.
Vos retours et vos expériences sont les bienvenus : laissez un commentaire ! 🙂