Le sérail et le harem sont-ils la même chose ?

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Sérail et harem sont des noms qui désignent à la fois des lieux et des institutions.

« Sérail » vient du persan « serai » qui signifie « palais ».

Il s’entend souvent comme les appartements privés du sultan ou des grands dignitaires. Les ottomans parlent alors de « sérail intérieur ».

Chaque partie d’un palais oriental se dessine autour d’une cour intérieure. Elle est séparée des autres par des portes qui permettent de régler strictement les accès de l’une à l’autre.

Les premières cours accueillent les bâtiments des services officiels et administratifs, tels le trésor, la salle d’audience ou les exécuteurs de justice.

Ludwig Deutsch, « Savant » – Crédit photo : Christie’s Images/Bridgeman Images

Puis vient la partie privée, où se trouve la résidence personnelle du propriétaire. L’intimité y est cependant toute relative. Soldats, serviteurs, esclaves, cuisiniers, pâtissiers, employés d’abattoir, portiers, musiciens, eunuques vivent là séparés du monde extérieur, mais au plus proche de celui qui décide.

Les vizirs, les chambellans, les généraux, les artistes, les amis, les enfants mâles âgés de plus de sept ans y accèdent, plus ou moins librement selon le degrés de familiarité qui les lie au propriétaire.

Au XVIIe siècle, l’italien et voyageur Pietro Della Valle écrit au sujet du sérail intérieur de Topkapi, le palais du sultan : « les domestiques du dedans sont ceux qui demeurent au-delà de la troisième porte, lesquels en propre personne voyent et servent le Grand Seigneur, vivans comme luy, éloignez de tout commerce extérieur ; et de là vient que l’on n’apprend si peu de vérité des affaires de cette cour … »*

D’où l’expression « faire partie du sérail » qui désigne l’appartenance à un milieu fermé, régi par des règles particulières et attaché au pouvoir.

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Seul accès depuis le sérail, la porte du harem est défendue jour et nuit par des eunuques armés. Toute la hiérarchie des esclaves y côtoie les épouses et les filles du propriétaire, voire les esclaves, les épouses et les filles des fils du propriétaire, s’ils vivent sous le même toit. Les enfants mâles vivent au harem jusqu’à l’âge de sept ans.

D’un point de vue architectural, le harem est une partie du sérail. Mais les deux institutions ne se confondent pas.

Le sérail est un lieu de pouvoir tandis que le harem est un lieu génésique. Libres d’aller de l’un à l’autre, les eunuques jouent les intermédiaires entre ces deux mondes, quitte à prendre l’ascendant sur l’un et sur l’autre.

*Robert Mantran, La Vie quotidienne à Istanbul au siècle de Soliman le Magnifique