Le travail de Wendy Buonaventura est vital à la danse orientale. Que ce soit en qualité de danseuse-chorégraphe ou de chercheuse, sa démarche fonde les bases de l’avenir de la danse orientale, les conditions de son développement qualitatif.
La femme est discrète. Je ne trouve aucune information personnelle sur son site. Elle est simplement présentée comme une écrivain, une chorégraphe-interprète, une conférencière et une animatrice d’émissions pour la BBC.
L’artiste est mondialement connue pour son livre ‘Serpent of the Nile’ (‘Les Mille et Unes Danses d’Orient’) qui est une étude remarquable sur les danses féminines dans le monde arabe. La dernière édition mise à jour date de 2010.
Dans cet ouvrage, Wendy Buonaventura remonte aux sources des mouvements caractéristiques de la danse orientale (ondulations et vibrations du pelvis). Comme toutes les danses ancestrales, cette gestuelle est en rapport avec les célébrations religieuses, aux temps où la relation entre l’Humain et les forces qui président à son existence, est célébrée dans tous les aspects de la vie quotidienne. Elle se retrouve sur de vastes territoires.
L’avènement des sociétés et des religions androcentriques marque le début du refoulement des danses pelviennes en marge de la société. Le refoulement, mais pas l’extinction, puisqu’elles sont désormais, soit transmises dans les appartements où les femmes sont confinées, soit représentées en public par les ghawazee, ces danseuses issues de minorités, de classes pauvres ou de gitans venus du sous-continent indien. Chacune s’appropriant les ancestrales danses folkloriques, les améliorant et les perfectionnant pour en faire un gagne-pain. Si certaines connaissent la renommée et la richesse du fait du prix que paient leurs riches clients pour les voir danser, aucune n’est respectée. Les actuelles coquettes qui aiment à rappeler le statut élevé dont bénéficient les almées, oublient que ces femmes instruites, réputées pour leur maîtrise de la poésie, de la calligraphie, de la musique, du chant, et de la conversation, ne dansent pas. Elles sont d’ailleurs respectées parce qu’elles peuvent se consacrer à ces arts tout en restant voilées.
Selon Wendy Buonaventura, aucune civilisation n’accepte d’envisager qu’il existe un rapport entre la Sexualité et l’Art. Aussi, la danse qui implique le corps, et notamment celui de la femme, est-elle longtemps considérée comme un divertissement mineur exaltant la beauté des femmes, pratiqué par des personnes de petite vertu. Il faut attendre les premières décennies du 20ème siècle pour qu’une poignée de pionnières, dont Isadora Duncan et Ruth St denis, revendiquent la profondeur et les possibilités de ce moyen d’expression. Ces artistes ont largement puisé leur inspiration dans la danse orientale où la qualité d’interprétation, autant que la virtuosité, est valorisée.
C’est maintenant à la danse orientale d’évoluer. Wendy Buonaventura raconte qu’elle prend conscience de l’immense potentiel de la danse orientale alors qu’elle assiste à un numéro dans un cabaret. Dans un autre décor, avec un autre costume, la puissance de ces mouvements sensuels perpétuels et l’obsédant lyrisme qui se dégage de cette gestuelle peuvent trouver leur place sur la scène occidentale. Les difficultés pour y parvenir sont considérables. Adapter cette danse informelle et répétitive pour proposer un programme haletant nécessite de trouver le parfait équilibre entre chorégraphie et improvisation, virtuosité et émotion, changement et répétition, ce tout en restant fidèle à l’esprit érotique, intime, personnel de la danse.
C’est le défi que relève Wendy Buonaventura sur la scène londonienne où elle créé ses spectacles. Son travail aboutit à des mises en scènes où se côtoient lectures de textes et interprétations de danseuses venues de différents univers.
Depuis 2008, elle dirige également le festival Sirocco qui propose de se faire rencontrer Orient et Occident et d’explorer les limites de la création.
Je vous le dis : cette danseuse est indispensable à la danse orientale, et à la danse en général !