Souhair Zaki, la douce étoile du Caire

En 1952, le Mouvement des officiers libres dirigé par le général Mohammed Naguib renverse la monarchie égyptienne. La République égyptienne est proclamée et son programme tient en 6 points révolutionnaires : fin du colonialisme et du féodalisme, fin de la domination du capital sur le pouvoir politique, établissement de la justice sociale, instauration d’une vie démocratique stable et formation d’une armée nationale.

En 1954, le brillant et charismatique lieutenant-colonel Gamal Abdel Nasser devient le deuxième président de la jeune République égyptienne. Il succède à Naguib jugé trop proche des Frères musulmans.

Née en 1944 ou 1945, Souhair a une dizaine d’années quand souffle sur l’Egypte ce vent de renouveau et de liberté. Elle a perdu son père dans son jeune âge et a quitté sa ville natale de Mansoura pour Alexandrie à l’âge de 9 ans. Sous la direction de son beau-père, elle commence à danser dans les nightclubs (le terme de cabaret désigne des établissements de bas étage. Pour aller plus loin : Badia Masabni : la Civilisatrice) grecs où son style est remarqué par un public cosmopolite et conquis par les idées progressistes.

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The Perfect Candidate de Haifaa Al Mansour

Crédit photo :  Neue Visionen Filmverleih

Le slogan – que je trouve racoleur – de l’affiche : « En Arabie Saoudite, la politique reste une histoire d’hommes » laisse de côté 70% de l’essence de cette comédie qui m’a enchantée.

Dans une petite ville d’Arabie Saoudite, Maryam est médecin-chirurgienne. Les ambulances et les patients accèdent à l’hôpital où elle exerce par un chemin de terre, inondé suite à une rupture de canalisation. Maryam est brillante et passionnée, elle obéit en tous points au code qui régit sa vie professionnelle et sa vie privée. Car Maryam rêve de partir travailler dans l’hôpital d’une grande ville et, pour cela, elle s’applique à être « la candidate parfaite ».

Son rêve pourrait bien devenir réalité quand des postes sont proposés à Dubaï. Elle achète son billet pour présenter sa candidature, mais elle est refoulée à l’aéroport car son autorisation de voyager, signée par un tuteur mâle, n’a pas été demandée par voie informatique. Or, fatalité, son papa, fin joueur de oud, est parti avec son orchestre pour la tournée dont ils attendent l’autorisation depuis 20 ans.

L’un parti, l’autre reste et commence à agir selon ses règles, qui ne sont plus exactement celles de « la candidate parfaite ».

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Caramel de Nadine Labaki

Crédit photo : Bac Films

Sorti en 2007, Caramel, le film de Nadine Labaki repasse cet été sur France TV.

Layale dirige le salon de coiffure et d’esthétique « Si Belle » dont le B de l’enseigne ne tient plus que par un clou sur la devanture, dans une rue poussiéreuse et brûlée par le soleil à Beyrouth.

Elle emploie Rima, homosexuelle discrète, qui subit avec indifférence la cour appuyée, quoique charmante, que lui fait le livreur ; et Nisrine, qui va bientôt se marier et qui ne rend visite à sa belle-famille qu’en jupe longue et chemisier boutonné des poignets au cou.

Quant à Layale, sa vie est suspendue à un klaxon, celui de la voiture de l’homme marié avec lequel elle a une relation qu’elle tente de tout son cœur de rendre romantique, mais dont elle a honte.

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Danser en France en 2020

Crédit photo : Patrice Bucher

La culture peut se définir comme une innovation individuelle adoptée par la société et les moyens mis en œuvre pour sa transmission. Les récentes avancées de l’éthologie établissent que bien des comportements autrefois qualifiés de « naturels » seraient en fait « culturels ».

L’anthropologie de son côté démontre que les sociétés humaines s’organisent autour des réponses qu’elles apportent  à ces trois questions : qu’est-ce qui est Beau, qu’est-ce qui est Juste, qu’est-ce qui est Sacré. Les réponses apportées sont arbitraires. L’important est qu’elles fassent consensus au sein de la société et qu’elles permettent d’établir les règles qui vont créer les conditions matérielles et spirituelles d’existence.

En France, en matière de danse, les critères de la Beauté sont le travail des jambes, le brillant de la technique, la puissance, la mixité (quoique souvent chaque sexe ait des pas et des rôles bien déterminés), la représentation sur scène et la nécessité d’un récit ou, plus récemment, le développement d’un concept.

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Choisir ton cours de danse orientale

C. Ph : Patrice Bucher

Dans l’offre toujours croissante des activités qui te sont proposées, cette année, tu as choisi la danse orientale. Je m’en réjouis et j’espère que cette discipline te portera aussi loin qu’elle le fait pour moi. Voici quelques pistes pour choisir ton cours – ou tes cours – en pleine connaissance de cause 🙂

A la recherche de la puissance féminine oubliée

Les sources sont rares quant aux origines de la gestuelle que nous appelons danse orientale. Toutefois, il semble qu’elle soit apparue dans l’antiquité, sur les territoires qui appartiennent actuellement à l’Irak, la Syrie et l’Egypte. Héritière des danses d’extase par lesquelles les danseurs sollicitent l’aide des forces supérieures pour l’accroissement et le développement du groupe social, sa forme la plus accomplie serait celle qui était dansée dans les temples.

Les danseuses étaient alors au service d’un culte et leur statut pourrait avoir été proche de celui des prêtresses, lesquelles étaient des lettrées en charge à la fois de la gestion quotidienne des propriétés terriennes (souvent immenses) du temple et de la continuité de l’identité spirituelle malgré les nombreux et violents changements de dynasties.

Leur prestige était si grand que Sargon d’Akkad (2330-2285 av.JC), chef de guerre et fondateur de l’empire d’Akkad , se prétendait le fils d’une grande prêtresse et de père inconnu. Il nomma sa fille En-heduanna grande prêtresse du dieu Nanna dans la ville d’Ur.

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