Danse orientale avec un éventail

"Fan veil "
« Fan veil »

Dans l’Antiquité, les égyptiens utilisaient les éventails pour se rafraichir, attiser le feu ou chasser les mouches. Les plus fortunés en avaient fait un accessoire de leur toilette. Le flabellum, éventail de large diamètre, monté sur une longue hampe était utilisé dans les cortèges solennels. Il a été adopté et conservé par la liturgie chrétienne. Les éventails étaient fabriqués dans différents matériaux, dont les plumes, et pouvaient être richement décorés.

L’utilisation de l’éventail dans la danse orientale est donc cohérente. Le modèle le plus répandu est le fan veil, traduction « éventail voile. » Comme son nom l’indique, il s’agit d’un éventail composé d’une armature classique en demi-cercle recouverte d’un voile – parfois en soie – d’environ 1m80. Mais rien n’empêche de danser avec un éventail en plumes.

"Flabellum."
« Flabellum »

Comment danser avec un éventail ?

Danser avec un accessoire, quel qu’il soit, impose de toujours le manipuler de façon ample et loin du corps.

Pour que l’éventail donne sa pleine mesure, je vous conseille d’alterner les déplacements avec les positions stationnaires, qui ne doivent pas être trop longues, pour éviter l’effet « épouvantail. » 😉

Pour les déplacements, le pas arabesque, le pas attitude, le pas andalou, les devant/derrière, le pas twist, le pas avec alterné de hanches, les pas lift, les pas dribble, et les tours permettent d’habiter l’espace en construisant des lignes et des cercles.

Pour les positions stationnaires, je vous recommande d’alterner les moments neutres et techniques, où l’accessoire est manié pour obtenir un effet visuel, et les périodes plus intimes où l’éventail vient mettre en valeur votre corps.

Quel champ référentiel pour danser avec un éventail ?

Le champ référentiel est constitué par les images, les sensations, les couleurs, voire les histoires, avec lesquelles la danseuse reste en contact quand elle danse. Il ne s’agit pas de mimer, mais de garder en tête certaines références qui donnent aux gestes leur finition et leur plénitude.

Pour moi, au moment où j’écris, les images qui sont attachées à l’éventail sont l’air, la légèreté, le vent, le souffle, la courbe, le jeu, le dévoilement, la chaleur, les peintures chinoises, etc…

Ces images sont différentes d’une danseuses à l’autre, voire, d’un jour à l’autre. L’important est de les définir en se concentrant sur l’éventail pour qu’il soit naturellement intégré à la danse.

Je vous recommande un style flottant, léger et sensuel.

Quelles musiques pour danser avec un éventail ?

"Danser avec un éventail en plumes."
« Eventail en plumes »

Bien que l’éventail soit connu des égyptiens depuis l’Antiquité, la danse orientale avec un éventail est récente. Dès lors, la créativité est reine et il n’y a pas de code. Tout dépend du champ référentiel choisi, du degré de fusion de la danse et, surtout, de l’envie de sortir des sentiers battus, ou pas.

Côté classique, j’aime bien la douceur, la fluidité  et la simplicité de « Addi el Rabie » sur le CD « Oriental Dance » J’aime également « Inta Omri – Part I» avec sa sensualité, ses accélérations, ses pauses et ses accents. Ma version favorite se trouve sur un CD collector, introuvable dans le commerce, mais pour l’éventail, celle d’Hossam Ramzy sur le CD « Best of Oum Khaltoum » est  bien.

Côté contemporain, Paul Dinletir propose des morceaux très scéniques, comme dans l’album « Dark Side of the Crown.» Nappes électroniques, envolées spectaculaires et tonalités tribales créent une atmosphère irréelle qui offre beaucoup de possibilités. Sur cet album, j’aime particulièrement « The Choosen One » qu’il est facile de segmenter.

Côté fusion, pour marier moyen orient et extrême orient, la bande originale du film « Terre des Ours » (si ! si ! 🙂 ) contient des pépites où la harpe domine. Sans être trop typé, l’album évoque la subtilité des gestuelles asiatiques. La version instrumentale de « Kamchatka », « Wild dreams », et « The Circle » sont  superbes. Entre intime et grandiose, tout ce qu’il faut pour imaginer la danse d’une déesse aux confins du monde.