Gala, le pire

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Le gala, ou le spectacle de fin d’année, ou le plus récent et plus chic « rendu d’atelier » est l’occasion pour les élèves de présenter leur travail et de faire l’expérience de la scène et du public dans de bonnes conditions. J’ai bien écrit « pour les élèves. »

C’est également une circonstance propice pour créer des liens singuliers entre celles qui partagent le goût de la même discipline.

Ce n’est donc pas le moment opportun pour les professeur(e)s ou les membres de la troupe de s’approprier la scène pour s’y ébattre à longueur de numéros.

De même, s’il est légitime de profiter de cette occasion pour remplir les caisses, ces rentrées d’argent doivent se faire au bénéfice de tous les élèves et non seulement pour financer des projets à participation restreinte, pour ne pas dire personnels.

Le problème est que, parfois, la scène est monopolisée par quelques professeures en mal de représentations et que la récolte de fonds devient l’objectif premier de l’évènement qui se transforme en kermesse…Dès lors, l’accompagnement des élèves dans leur expérience scénique est laissé à l’abandon et chacune est sollicitée pour « la bonne cause » qui n’est pas la danse.

Le gala des stars

J’ai pour habitude de suivre toutes sortes de cours de danse en tant qu’élève. Cela me permet d’entretenir mes bases, de pratiquer de nouveaux enchaînements et de découvrir d’autres univers artistiques.

Quand vient le mois de janvier et que la question de la participation au spectacle de fin d’année se pose, c’est toujours désagréable pour moi de répondre par la négative. Donc, j’y vais malgré moi et cela me laisse des souvenirs mémorables, plus ou moins bons  😉

Comme ce « gala des stars »

Déjà, ce qui devait être la répétition générale avait été plutôt désastreux. Nous étions toutes sagement alignées sur les rangs de fauteuils, attendant que le signal nous soit donné pour aller nous mettre en costume. Beaucoup d’entre nous avaient joué entre leurs différentes obligations pour être à l’heure. Mais le signal ne vint jamais : la professeure avait oublié la musique de notre chorégraphie. Les musiciens devaient venir, ils ne vinrent pas. Après deux heures d’attente, nous quittâmes la salle. Le rendez-vous étant pris pour l’après-midi du jour du spectacle.

Le jour J, nous revoilà rangées sur les mêmes fauteuils dans l’attente, toujours. Les musiciens n’étaient pas là. Mais le décor si !

danse-orientale-gala1Une salle de spectacle se loue toujours avec ses fiches techniques qui contiennent les dimensions et les distances de la scène. Il faut croire que personne n’avait pris le temps de lire lesdites fiches parce qu’une fois le décor mis en place, il occupait la totalité de la scène. Seules les « stars », les professeures qui dansent en solo, pouvaient s’en débrouiller. Les élèves et leurs trois malheureux passages furent relégués en bas de la scène, à l’emplacement de la fosse d’orchestre…

Mais même dans le débarras de la fosse d’orchestre, mon groupe ne put pas répéter car les musiciens n’étaient toujours pas là et qu’aucune bande son de remplacement n’avait été prévue. On nous envoya prestement sur la coursive d’un hall, lequel servait de coulisses, vu que les véritables coulisses étaient réservées aux « stars. » Une des professeures « star » rassura celles que cette absence de répétitions inquiétait de plus en plus : « Ne vous inquiétez pas ! Ils sont carrés, ce sera comme avec le CD. Vous n’avez pas besoin de répétition. » Arguments tous plus minables les uns que les autres de la part d’une « professionnelle » qui venait de quitter la scène sur laquelle elle avait répété longuement.

Sur la coursive de nouveau l’attente. Un régisseur vint nous demander de ne pas utiliser telle pièce qui n’était pas comprise dans le contrat de location. Hélas ! c’était la seule qui nous offrait un peu d’abri pour nous changer. En bas, dans le hall, les deux autres groupes n’étaient pas mieux lotis derrière de grandes baies qui donnaient sur l’extérieur.  Quelques assiettes de bonbons et quelques boissons trop sucrées et tièdes étaient sur les tables pour celles qui voulaient.

Mais ce que nous voulions, c’était nous maquiller. Une esthéticienne et sa jeune assistante s’étaient déplacées spécialement. Mais elles ne pouvaient se mettre au travail – le maquillage de près de 70 danseuses – sans qu’on leur ait aménagé un endroit à cet effet.  Tardivement, elles seront installées et elles finiront de maquiller les danseuses du troisième groupe quand celles du deuxième entraient en scène. A la fin de la soirée, elles auront même droit à un sandwich après être restées sans manger depuis 15h00.

Dans ces circonstances, il était quasiment impossible à des élèves de mettre en valeur leur travail. Leurs numéros étaient de simples figurations qui permettaient aux « stars » de se changer et de reprendre leur souffle.

Cerise sur le gâteau : les musiciens étaient arrivés mais la darbouka était si mal réglée que je quittais la salle de spectacle sans participer au salut final. J’ai mes limites  😉

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Le gala kermesse

Au départ, j’avais accepté de participer à un spectacle de fin d’année où je devais danser dans deux chorégraphies et fabriquer un costume. Je devais également être présente au filage et deux heures avant le spectacle.

Mais voilà que les conditions se sont mises à mystérieusement changer et j’allais de surprise en surprise.

Environ trois semaines avant la date du spectacle, j’ai dû apprendre sur le pouce une troisième chorégraphie. A priori, rien d’impossible, sauf si les cours commencent régulièrement une heure après l’horaire prévu, ne durent que 20 minutes et que la professeure est plus ou moins à ce qu’elle fait. A la même période, je me suis vu attribuer un secteur de la ville où je devais distribuer une quantité astronomique d’affiches et de flyers, parce que les entrées « ça rapporte. »

A une semaine du jour J, je devais fournir le bar en pâtisseries, parce que le bar « ça rapporte. »

Le soir du filage, alors que la répétition avait commencé avec 2 heures de retard, je découvrais que je devais être présente le lendemain dès midi pour installer et tenir les stands car la salle ouvrait dès 14h00 et que les ventes aux stands « ça rapporte. »

ladanseorientale_galaJ’arrivais donc – un peu plus tard que midi, j’ai mes limites 😉 – et je m’ennuyais ferme en compagnie d’autres danseuses extérieures à la troupe mises à part dans une arrière cuisine à la porte fenêtre donnant sur l’entrée des spectateurs. Nous aidâmes l’une de nous à terminer son costume vu qu’aucun membre de la troupe n’avait songé à s’assurer que tout était prêt dans ce domaine.

Il fallait veiller à laisser libre le passage vers la chambre froide afin que ceux et celles qui travaillaient au bar puissent s’approvisionner rapidement parce que le bar « ça rapporte. » Tandis que j’aidais à remplir cette chambre froide, je demandais s’il ne fallait pas mettre à disposition des danseuses quelques packs d’eau. La professeure retint son souffle sous la stupéfaction : il s’agissait d’eau achetée pour la vendre. Chaque danseuse devait apporter ses propres réserves ou se servir au robinet. Hé oui ! Dans ces conditions « ça rapporte. »

Malgré cette ambiance déplorable, j’ai pris plaisir à danser sur scène. Par contre, l’année suivante, je suis allée donner mon argent dans un autre cours. Parce que je pense que le manque de respect pour les élèves « ça ne rapporte pas. » 😉