Pratiquée depuis des millénaires, la danse orientale reste un mystère. Arrivée en Europe par le biais des expositions universelles du 19eme et du début du 20eme siècles, elle connaît un engouement dans les années 80 et 90. Depuis, elle est présente dans toutes les villes, sous des formes plus ou moins commerciales. Mais c’est quoi la danse orientale ?
La danse orientale s’inscrit à l’opposé de toutes les normes de la civilisation occidentale.
D’abord, fondée sur la quête de l’extase féminine, la mixité l’appauvrit, notamment quand elle contribue à faire de cette stylisation de la jouissance une banale danse de séduction. La danseuse orientale sait le plaisir qu’elle donne à voir, mais être regardée n’est pas sa motivation.
Ensuite, si elle est une expression formelle du plaisir au féminin, elle ne sublime pas le Féminin aux dépens du Masculin. La guerre des sexes est inexistante dans le contexte de la danse orientale. La finalité de la danse orientale est de permettre aux femmes de découvrir et de s’amuser avec leurs ressources physiques et mentales. C’est un travail riche et passionnant, qui ne laisse pas de place aux questions sur les modes de fonctionnement masculins, dont la danseuse orientale se fiche.
Enfin, la danse orientale est aussi éloignée que possible des valeurs qualifiées de « masculines » par les civilisations occidentales. La compétition n’existe pas en danse orientale. Il s’agit d’acquérir les savoir faire nécessaires à la satisfaction de la danseuse, et non à sa domination des autres danseuses et de ceux et celles qui regardent. Le temps et l’injonction de le rentabiliser sont absents. La danse orientale est le lieu de la courbe, de la répétition, de l’hypnotique qui se savourent et se consument sans autre raison que le plaisir de le faire. La douceur, y compris dans les mouvements énergiques, valorise la fragilité et la délicatesse, riches composantes de certaines âmes humaines, considérées dans l’occident moderne comme des expressions de faiblesse.
Dès lors, la danse orientale permet aux femmes de se libérer des injonctions reçues dès l’enfance de faire comme et aussi bien que les hommes.
Le cours de danse orientale est un havre de Féminité.
Néanmoins, la danse orientale demeure une discipline exigeante et difficile, même si ses bases sont à la portée de toutes.
C’est une des réussites de notre société de marketing de nous faire croire que nous pourrions faire de l’exceptionnel avec du médiocre. C’est impossible. Et en danse orientale, il faut du travail, de l’engagement et envisager le corps sous un angle nouveau.
D’abord, tu y gagnes l’amélioration de ta posture et de tes déplacements dans l’espace, une conquête progressive d’une forme d’élégance bien particulière, dont témoignent les récits des voyageurs en orient au 19eme siècle.
Ensuite, l’isolation, qui consiste à mobiliser une seule partie du corps, de la façon la plus précise et la plus fine possible, t’apprend à serrer des groupes musculaires que tu utilises peu dans la vie courante. Cela est notamment vrai de la musculature profonde du buste, de l’abdomen, et de l’ensemble musculaire du périnée. Mais les nombreux muscles du dos sont également sollicités, sans parler de ceux des cuisses, qui assurent le maintien du déverrouillage des genoux.
Enfin, après beaucoup de pratique, tu acquiers le délié oriental, sésame précieux, qui donne aux mouvements cet aspect fin et soyeux, comme si chaque partie du corps se répondait, s’embrassait, se séparait puis se retrouvait dans un seul unique élan voluptueux.