Laila Del Monte se présente comme une professionnelle en communication animale. Née au Etats-Unis, elle passe son enfance en Espagne. Elle est diplômée de la Sorbonne en religions comparées.
Depuis l’antiquité du temps, les Hommes rêvent d’entrer en relation avec les phénomènes qui les dépassent. Souvent, ce désir est chargé d’arrière-pensées, au premier rang desquelles celle de maîtriser le fonctionnement de leur environnement afin d’en exploiter les potentiels à leur seul profit.
Au mieux, il s’agit d’apaiser les angoisses liées à la souffrance et à la mort. Au pire, cette quête de l’influence sur les autres espèces et la nature est mouvementée par le désir d’améliorer les rendements d’une culture ou d’un élevage.
La recherche scientifique est largement établie sur de telles motivations. Cependant, il existe également dans l’esprit d’individus singuliers une curiosité plus élevée, qui vise seulement à l’approfondissement des connaissances et à l’accroissement de la conscience.
Quoiqu’en disent les relectures new-age, aucune civilisation n’a donné la priorité aux intérêts du Vivant dans son ensemble sur les siens. Plus ou moins prédatrices, elles favorisent les désirs de puissance de l’Homme. En ce sens, l’apparition dans les universités occidentales de réflexions philosophiques et scientifiques sur les droits du non humain est une évolution positive. Ô combien fragile.
Dans « Voyage initiatique avec les chats » l’auteure nous emporte sous divers horizons à travers l’Histoire.
L’épisode qui nous occupe se déroule dans l’ancienne Egypte. Sans doute dans la cité de Bubastis dont la déesse tutélaire est Bastet. Hérodote (484 – 425 av.J.C.) témoigne d’une des grandes fêtes annuelles en l’honneur de la déesse. Plusieurs milliers de pèlerins s’y rassemblent pour célébrer le culte dans l’ivresse et le déchaînement.
A cette occasion, il n’est par rare que les chats du temple connaissent une mort violente pour être transformés en reliques. En sus de ce braconnage, un commerce officiel de chatons bénis, sacrifiés et momifiés alimente les caisses du temple.
L’héroïne est une enfant trouvée. A 12 ans, son destin autant que sa façon d’être au monde sont marqués d’exceptions. Eduquée et entraînée pour être danseuse, elle se produit dans l’espace du temple réservé aux dignitaires. La présence de Pharaon fait penser que nous sommes entre 945 et 712 av.J.C, période à laquelle la XXIIème dynastie fait de Bubastis une résidence royale.
Laila del Monte imagine une danse où se mêlent acrobaties et éléments des gestuelles féminines venus du moyen-orient.
« J’élève les bras pour faire résonner mon sistre. Bentreshpu et Hasina frappent des mains. Laissant mon sistre, je claque mes doigts en rythme, je monte sur la pointe des pieds, mes bras au-dessus de la tête, puis je marque la cadence avec mes pas. Mes compagnes me rejoignent, sistre et tambourins à la main, les autres chanteuses entonnent les chants sacrés pour accompagner Kemat. Mes compagnes dansent en mouvements saccadés. La flûte et les percussions m’entraînent dans une série de mouvements rythmés, je frappe des mains, j’ondule les hanches, je pirouette. J’oublie qui je suis, je suis juste une onde, rythme, une ode à Bastet. Mes bras parlent à la déesse en gestes rituels et hiératiques, souples et fluides cependant. Puis d’autres danseuses encore se joignent à nous en faisant des cabrioles et des gestes acrobatiques. La musique devient de plus en plus forte, je tourne de plus en plus vite, nous entrons en union dans une danse effrénée et rythmée. J’entends un son retentissant de cymbales, je m’arrête tout d’un coup, les bras figés au-dessus de la tête, tout s’arrête … »*
Laila del Monte, « Voyage initiatique avec les chats »